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vendredi 26 avril 2024

Les deux Zelensky

Tout récemment, un célèbre journal américain a rapporté des témoignages selon lesquels il n’y aurait pas qu’un seul Volodymyr Zelensky, mais deux, l’un activant dans le public et l’autre dans le privé. Le premier est celui que le commun des mortels voit et entend dans les médias ; à lui également ont affaire les visiteurs étrangers et ses hôtes quand ils le reçoivent chez eux. Autant le premier serait plein de stoïcisme, de modération et de retenue, tout dévoué certes à la cause de son pays, à sa libération de l’occupation, mais à elle seule, n’envisageant aucunement de rendre la pareille au peuple russe, mesurant très bien les conséquences désastreuses que cela aurait sur la stabilité dans le monde. Autant le second déborde de projets d’attaques à l’intérieur de la Russie, bien loin de la ligne de front actuelle, ainsi que d’autres coups fumants, comme la destruction du pipeline transportant du pétrole russe vers la Hongrie, qui d’une pierre nuirait à deux ennemis pour lui faisant cause commune contre son pays.

Cela fait quelque temps que les alliés de l’Ukraine subodorent chez cet ancien comédien la coexistence de deux personnalités, celle qu’il est spontanément, par sensibilité autrement dit, et l’autre qu’il incarne par sang-froid, pour employer la fameuse dichotomie de Diderot dans «Le Paradoxe sur le Comédien». En d’autres termes, ce qu’il est en lui-même et pour lui-même, et ce qu’il est que pour la scène ou pour la galerie. Les alliés de l’Ukraine préfèrent de loin le Zelensky de composition, le Zelensky maître de lui-même, le président assujetti à un texte pour l’essentiel écrit par eux, celui qui se montre sur la scène du monde, et auquel eux-mêmes livrent des armes sans compter, confiants dans ses capacités à infliger à la Russie la défaite stratégique qu’ils appellent tant de leur vœu. Notons au passage que pour l’un au moins de ses alliés, le président français, cette défaite stratégique a déjà été infligée à la Russie, tombée depuis dans l’état de vassal de la Chine. De sorte qu’il faut peut-être commencer à moins livrer d’armes à l’Ukraine, même si tous ses territoires ne sont pas encore libérés. On se demande par contre si les Britanniques ne préfèrent pas plutôt le Zelensky sans fard, qui ne rêve que d’une seule chose : les entraîner tous dans la guerre, à la limite quelles qu’en soient les conséquences. Il a demandé des missiles de longue portée, voilà qu’ils les livrent. Les Russes font planer la menace d’une riposte nucléaire, les voilà qui fournissent les Ukrainiens en armes à uranium appauvri. Pour autant, ils ne vont pas jusqu’à donner des avions de combat, peut-être seulement parce que les Américains ne seraient pas d’accord. Mais on sent bien que si cela ne tenait qu’à eux, il les aurait déjà livrés, si tant est que les Ukrainiens les acceptent, car ce qu’eux-mêmes demandent si ce ne sont pas leurs avions mais ceux des Américains. L’article en question du «Washington Post» a été écrit pour bien faire comprendre aux alliés qu’il n’y a pas un Zelensky mais deux, et que le plus vrai, ce n’est pas celui à qui ils parlent, mais celui qui se parle, à lui et à son prolongement, son cercle étroit. Ils ont les mêmes intérêts et objectifs que le Zelensky de composition, le Zelensky toujours comédien même s’il a fini par devenir ce qu’il avait commencé par jouer, un paradoxe que Diderot n’aurait jamais imaginé. Mais pas avec le Zelensky personnage vrai qui lui ne joue pas, et veut dès à présent humilier la Russie.

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