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vendredi 29 mars 2024

Pandémie, guerre et inflation

Les six mois de guerre en Ukraine ont aggravé l’inflation, qui elle remonte à la crise sanitaire, ils ne l’ont pas créée. De cela d’ailleurs, tout le monde convient aujourd’hui. Ce sur quoi on s’accorde également, encore que l’on ne se l’explique toujours pas, c’est que des deux causes, la guerre et la pandémie, celle-ci a été plus active que celle-là, ce qui est assez paradoxal, d’autant qu’elles-mêmes ont évolué en sens inverse l’une de l’autre. La guerre en Ukraine n’a pas éclaté au plus fort de la pandémie en effet, mais sur sa décrue, ce qui ne veut pas dire sur sa fin. Car s’il est des pays où les infections se sont raréfiées, ce qui est le cas en Algérie mais aussi sur tout le continent africain, on ne peut en dire autant d’autres, où les nouveaux cas se comptent encore par milliers. Reste que la vaccination a partout fait diminuer le nombre des décès. Prenons un baril à 100 dollars, ce qui au jour d’aujourd’hui n’est pas loin du prix réel. Sur ces 100 dollars, 80 et peut-être même plus sont imputables à la pandémie, et les 20 autres restants seraient à mettre sur le compte de la guerre. De sorte que même dans l’hypothèse où celle-ci s’arrêterait d’un coup, le baril, et l’énergie dans son ensemble, ne redeviendrait pas bon marché pour autant.

Si les prix de l’énergie devaient baisser, ce ne serait pas en dépit de la guerre, mais grâce à elle, par suite de la récession qu’elle est à même de générer. C’est ce qui a d’ailleurs semblé se produire, lorsqu’il y a encore peu, les prix du pétrole sont passés brusquement sous la barre des 100 dollars. Ils n’ont pas tardé à retrouver leur niveau d’avant néanmoins, c’est-à-dire au-dessus de cette barre. La pandémie, bien qu’en net recul, continue de produire son effet en cette matière, mais maintenant dans le sens de la baisse plutôt que dans celui de la hausse. Encore faut-il s’entendre sur ce point. Pour l’heure, ce n’est pas tant la pandémie qui est active que la politique de zéro Covid à laquelle la Chine, première économie productive du monde, reste attachée. Cette politique sanitaire chinoise agit sur les prix de la même façon que la guerre, par le bais de la récession, qu’elle suscite indirectement. Si donc dans un premier temps, pandémie et guerre ont agi dans le même sens, celui de la hausse des prix, dans un second, c’est-à-dire aujourd’hui, elles sont désinflationnistes parce que également facteurs de récession. On ne s’attend pas cependant à ce que la guerre et la pandémie se prolongeant, la hausse s’en trouve complètement enrayée au bout du compte, du fait principalement de la récession, qui dans ce cas s’installerait. Il n’a été question jusqu’ici que de guerre et de pandémie, causes tantôt de hausse tantôt de baisse. En Occident, cela fait plusieurs décennies que l’inflation n’a pas atteint les niveaux qui sont les siens ces derniers temps. La dernière fois où cela était arrivé, c’était dans les années 1970, à la suite de deux chocs pétroliers. Aujourd’hui aussi, c’est par la hausse des prix de l’énergie que l’inflation s’est accrue. Ce serait pourtant une erreur de croire que les deux situations sont équivalentes. Contrairement à ce qui s’était passé à cette époque, la hausse de l’énergie ne procède pas aujourd’hui d’une décision des pays producteurs, mais de la volonté des pays occidentaux d’isoler la Russie à la fois sur la scène internationale et sur le marché mondial, alors même qu’ils dépendent d’elle dans une bonne mesure pour leurs approvisionnements en énergie. Leurs sanctions à son encontre ont eu pour premier effet la pénurie à leur niveau des produits énergétiques, ce qui à son tour s’est traduit par l’augmentation de leurs prix. Le mot clé en l’occurrence, ce n’est donc pas inflation, mais pénurie. Pénurie provoquée non pas par le fournisseur mais par ses clients.

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