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vendredi 29 mars 2024

Les opinions européennes et la guerre

Les sondages d’opinion en Occident, et dans le reste du monde, n’ayant guère fleuri pendant ces six mois de guerre en Ukraine, on dirait par un fait exprès, on ne sait trop ce que pensent les Américains et Européens de base sur l’engagement prononcé de leurs gouvernements dans le conflit. Sont-ils sans réserve en faveur de cette politique, ou lui trouvent-ils des défauts, et dans ce cas lesquels ? Tout au moins peut-on dire qu’ils ne la rejettent pas purement et simplement, parce qu’alors ils l’auraient montré en descendant dans la rue manifester contre elle. Traditionnellement, les opinions occidentales sont enclines à dénoncer les guerres d’agression. Il y a bien eu des rassemblements ici et là en Europe au lendemain du 24 février, en réalité davantage contre la guerre que contre la Russie. Y compris dans certains pays de l’est de l’Europe où les sentiments antirusses sont à fleur de peau, les démonstrations de rue n’ont pas été particulièrement fortes. Dans un pays comme la Pologne, où ces sentiments sont en général vifs, la rue n’a pas vraiment donné de la voix. S’il y a un pays membre de l’Otan partisan d’un engagement plus direct contre la Russie, c’est bien elle pourtant. L’Otan aurait déjà déclaré la guerre, si cela ne tenait qu’à elle. Mais la Pologne dont il est question ici, c’est la Pologne officielle, le gouvernement polonais, sa classe politique et ses médias. Toutes ces composantes de la Pologne sont pour l’entrée en guerre de l’Otan contre la Russie. On ne peut en dire autant de l’opinion polonaise, en premier lieu faute d’informations la concernant. Les Polonais en revanche ont manifesté clairement leur solidarité à l’égard des Ukrainiens traversant leurs frontières, cela est indéniable. Cette solidarité n’a cependant pas été que polonaise, s’étant exprimée ailleurs en Europe. Il n’empêche, c’est en Pologne que le flux d’Ukrainiens fuyant la guerre, pour l’essentiel des femmes et des enfants, a été le plus important. Mais si les opinions occidentales ne se sont pas mobilisées contre la guerre, et du même coup contre la Russie, à la différence des classes politiques, encore qu’il y ait des nuances en leur sein dans la condamnation, elles n’ont pas montré de la sympathie pour elle non plus. Avant d’entamer son voyage en Algérie, Emmanuel Macron a tenu à annoncer aux Français la fin de l’ère de l’abondance, ne manquant pas de déclencher ce disant des critiques acerbes de la part de la gauche, pour qui ce langage est le comble de l’indécence. Ce parler-vrai n’a aucune chance d’être apprécié par une large frange de l’opinion française. Macron a pourtant lié la fin de l’abondance à la guerre en Ukraine, engageant les Français à se préparer à payer le prix des libertés dont ils jouissent, car le moment serait venu de les défendre. Le fait est que partout en Occident la guerre est synonyme de cherté et d’austérité. Un peuple convaincu de la gravité du moment, et de la justesse de la politique mise en œuvre par ses dirigeants, apporte son soutien à celle-ci, ne serait-ce que de façon négative, en se refusant à des actions de protestation et à des grèves pour la hausse des salaires, par exemple. La vague des grèves soulevant des secteurs entiers d’activité en Grande-Bretagne montre que les travailleurs de ce pays ne se considèrent pas dans une situation exceptionnelle. Ils ont constaté une baisse importante de leur pouvoir d’achat, ils agissent comme à leur habitude pour y remédier. Ils n’établissent aucun lien entre cette chute et la guerre en Ukraine. Ils se verraient en guerre, ou seulement à la veille d’une guerre, ils réfléchiraient à deux fois avant d’engager une épreuve de force avec le patronat.

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