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vendredi 17 mai 2024

Gratuites mais polluées: Les plages interdites à la baignade prises d’assaut

Bien qu’elles soient interdites à la baignade en raison du manque d’aménagement, de l’inexistence de voies d’accès, de la pollution et de la qualité des eaux non conformes aux règles de santé et d’hygiène publiques, les 179 plages interdites à la baignade rencontrent chaque année un franc succès auprès des baigneurs, notamment les jeunes.

Par Thinhinane Khouchi

Le risque d’intoxication, d’infection ou de noyade plane sur ces plages interdites à la baignade. Malgré cela et les mises en garde émises par plusieurs médecins, les services de Protection civile… les jeunes préfèrent ces côtes souvent rocheuses pour se rafraîchir. Depuis un moment, même les familles, fuyant la cherté des plages autorisées, se sont invitées aux niveaux de ces côtes. C’est le cas de Malika, mère de trois filles qui habite à Bouzaréah. «J’avais l’habitude de me baigner à la plage «R’mila de Bab el Oued, mais les prix du parking et celui du parasol me revenaient trop cher. Durant la période du confinement, je suis venue avec mes filles ici à Bologhine et je me suis plue. Tout est gratuit et il y a une certaine distance entre les estivants contrairement aux plages autorisées». Pour Abdelkrim, un jeune de 24 ans : «On préfèrent les accès rocheux et isolés, loin des familles, car c’est plus tranquille et calme contrairement aux plages. Mais depuis un moment, même des femmes et des enfants viennent se baigner ici parce que c’est gratuit et personne ne vous dicte où vous devez vous installer». Malheureusement, la gratuité de ses plages interdites n’efface pas les risques de noyade et d’infection, car la majorité d’entres elles sont polluées et la qualité des eaux n’est pas conformes aux règles de santé et d’hygiène publiques. A ce propos, il est à noter que la Protection civile avait indiqué que pour l’année 2023, sur les 616 plages que compte le littoral algérien, 437 ont été autorisées à la baignade et 179 interdites, dont la majorité pour diverses causes, essentiellement la pollution. Selon elle, «l’analyse des statistiques des cinq dernières années indique que la principale cause des noyades reste, toujours, la baignade dans des plages interdites ou en dehors des heures de surveillance et le non-respect des recommandations de sécurité». Pour rappel, au cours de l’année 2022, un total d’interventions de 89 647 a été effectué au niveau des plages, permettant de sauver plus de 61 819 personnes d’une mort certaine. Toutefois, il est déploré le décès de 190 personnes, dont 83 au niveau des plages surveillées et 107 dans les plages interdites à la baignade. Afin d’éviter ces bilans lourds, la Direction générale de la Protection civile a lancé une campagne de prévention et de sensibilisation sur les risques liés à la saison estivale, notamment les dangers de la mer et la baignade, depuis le 7 mai 2023 à travers tout le territoire national, pour inculquer aux citoyens la culture de la prévention du risque de noyade et d’accidents (chute, intoxication alimentaire…) en particulier au niveau  les plages interdites. Concernant la baignade dans les réserves d’eau, un phénomène qui ne cesse de se généraliser à travers le territoire national non sans provoquer des morts annuellement, 85 cas de décès ont été enregistrés durant l’année dernière, dont la majorité sont des enfants, et ce, malgré les multiples campagnes de sensibilisation initiées durant toute la saison estivale, déplore la Protection civile. «Malgré tous les moyens déployés, que ce soit opérationnels ou en matière de prévention et de sensibilisation, la conscience citoyenne reste la mieux indiquée, car savoir nager n’est pas un gage de sécurité», estime la Protection civile qui lance un appel aux citoyens, en particuliers les parents, sur le respect strict des conseils de sécurité. Il s’agit de l’interdiction de la fréquentation des plages interdites, du respect des horaires de surveillance et de ne pas s’éloigner de la zone de baignade autorisée. Les citoyens doivent surveiller attentivement leurs enfants, surtout ceux qui utilisent les matelas gonflables, respecter les fanions de signalisation de l’état de la mer et ne pas se baigner après une longue exposition au soleil et juste après les repas. En cas d’incident, la Protection civile invite les citoyens à appeler les secours aux numéros 1021 ou le 14, en précisant la nature de l’incident et l’adresse exacte.

T. K.

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