10.9 C
Alger
mardi 23 avril 2024

Après la bataille de Bakhmout, la contre-offensive ukrainienne ?

Maintenant que la bataille de Bakhmout – Artyomovsk pour les Russes – se termine, ainsi du moins qu’annoncé par le fondateur et propriétaire du groupe Wagner, Ivgueni Progojine, à quoi faut-il s’attendre ? En quelle nouvelle bataille s’incarnera la guerre, si tant est que celle-ci continue de se débiter par tranches bien distinctes, mais le long d’un front qui lui en revanche a peu varié depuis ses débuts ? Il serait prudent dans un premier temps de s’assurer que les combats s’arrêtent vraiment à Bakhmout, car si Prigojine a dit que le drapeau russe flottait sur la mairie de la ville, il a néanmoins pris soin d’ajouter qu’il existe encore des poches ukrainiennes de résistance, qui toutes seraient à l’ouest, ce qui serait assez dans l’ordre des choses. Depuis le temps que les Russes sont à l’est, au nord et au sud, et les Ukrainiens seulement à l’ouest, il se peut que le drapeau russe ait été hissé sur un bâtiment du centre que les Ukrainiens avaient fini par déserter sous la pression de l’ennemi, mais sans pour autant se retirer bien loin.

Mais si cette bataille, tout de même en cours depuis neuf mois, se termine, c’est probablement parce que le printemps arrive, ainsi que la contre-offensive à laquelle Kiev est censé se préparer pendant tout ce temps, c’est-à-dire depuis la fin de sa première contre-offensive en septembre de l’année dernière. Depuis quelque temps, ce dont il est le plus question dans les médias occidentaux, c’est beaucoup moins de la résistance de l’armée ukrainienne dans Bakhmout que de sa réception de chars, d’avions et de munitions, en provenance des alliés européens, ainsi que de leurs servants après leur formation à ces nouvelles armes chez les alliés européens de l’Otan. Les choses sérieuses vont donc pouvoir commencer, la bataille qui se termine n’ayant été qu’un passe-temps, un abcès de fixation, une façon de fixer les Russes à quelque chose qui soit dans leurs cordes en attendant de réunir les conditions d’une contre-offensive qui les débordera. En Europe, il semble toutefois qu’il n’y ait que les médias français pour croire durement à ce scénario. Les médias américains eux se montrent beaucoup plus circonspects. Si eux aussi parlent de contre-offensive ukrainienne prochaine, c’est en des termes plus mesurés. De sorte que si la contre-offensive tourne mal, ou pas aussi bien qu’espéré, il leur sera plus facile de se convertir à la réalité sans avoir l’air de se démentir à chaque fois. Le risque pour les Ukrainiens, c’est de lancer le meilleur de leurs forces dans une direction qui n’est pas la bonne. On ne peut exclure non plus que ce soit les Russes qui prennent l’initiative, et non pas eux, comme semblent le croire fermement certains. Logiquement pour parler de contre-offensive d’un camp, encore faut-il que précédemment ce soit l’autre camp qui ait été à l’offensive. En l’occurrence, ce sont les Ukrainiens non les Russes qui aient été les derniers à être dans l’offensive. Non sans succès d’ailleurs, puisque cela leur a permis de récupérer des terres non négligeables tant à l’est qu’au sud du pays. Puis les lignes se sont à nouveau figées, la guerre de position succédant à celle du mouvement. C’est dans ce contexte que l’attention s’est concentrée sur la bataille de Bakhmout, alors même qu’on n’arrêtait pas dire qu’en elle-même elle ne présentait aucun intérêt stratégique. On perdait des centaines de soldats de part et d’autre, autant dire pour rien si cette analyse était juste, seulement parce que la guerre ayant éclaté force est maintenant de l’entretenir par des morts et des destructions.

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img