16.9 C
Alger
jeudi 18 avril 2024

Réorganisation

L’organisation de la Coupe du monde au Qatar continue de faire couler de l’encre et de susciter de nombreuses critiques, d’abord à cause des milliers de morts d’ouvriers étrangers, originaires de pays pauvres tels que l’Inde, le Pakistan, le Népal, le Bangladesh et le Sri Lanka, ensuite à cause des nombreuses prescriptions imposées aux supporters étrangers, puis aujourd’hui à cause des expulsions de milliers de travailleurs étrangers de leurs logements. En effet, d’après Reuters, des milliers de travailleurs étrangers ont été expulsés de plus d’une douzaine d’immeubles à Doha, dans des zones censées accueillir des touristes, à moins d’un mois du début de la compétition internationale de football. Les autorités ne démentent pas d’ailleurs cette information, même s’ils tentent de la minimiser. Parmi les personnes mises à porte, la plupart seraient sans solution de relogement et contraints de dormir dans la rue. «Nous n’avons nulle part où aller», a anonymement témoigné un travailleur s’apprêtant à passer une deuxième nuit dehors. Mercredi soir, dans un bâtiment abritant 1 200 personnes, l’avis d’expulsion n’aurait été communiqué que deux heures avant la venue des autorités pour forcer les habitants à s’en aller et pour verrouiller les accès. L’électricité aurait même été coupée. Certains n’auraient pas eu le temps de récupérer leurs affaires. Les expulsions auraient ciblé des hommes vivant seuls, notamment des Africains et des Asiatiques. Un responsable du gouvernement qatari a toutefois affirmé à Reuters que ces expulsions ne sont pas liées au Mondial. Selon lui, elles répondent à des «plans globaux et à long terme» de réorganisation de la ville et notamment à une loi qatarie qui interdit les «camps de travailleurs» dans les zones résidentielles familiales. «Tout le monde a été relogé dans des logements sûrs et appropriés», selon ce même responsable, qui assure aussi que des préavis raisonnables ont été transmis. Mais les ouvriers étrangers aujourd’hui à la rue réfutent cette version. L’arrivée massive de travailleurs a permis au Qatar de préparer les infrastructures nécessaires à l’un des plus grands événements sportifs au monde. Il a fallu construire de nouvelles routes, un nouvel aéroport, un réseau ferroviaire sur mesure et sept nouveaux stades. Selon Amnesty International, ces travailleurs migrants ont reçu des salaires de misère et travaillé dans des conditions extrêmement précaires. Human Rights Watch et Amnesty International ont appelé le Qatar et la Fifa à créer un fonds d’indemnisation pour les ouvriers victimes des chantiers du Mondial, doté de 440 millions de dollars, soit l’équivalent des dotations sportives promises aux 32 sélections alignées. Le Qatar affirme de son côté avoir mené de nombreuses réformes ces dernières années et son dirigeant, Sheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, s’est insurgé cette semaine contre les «fabrications et les doubles standards» dans ce qu’il a décrit comme une «campagne sans précédent» de critiques depuis que le pays a obtenu la Coupe du monde. Pour le moment, en tout cas, les multiples révélations, étalées sur des années, concernant les conditions dans lesquelles se sont tenues les préparations du Mondial 2022 n’ont pas ému beaucoup de personnalités du football. Aucune équipe qualifiée n’a en effet décidé de renoncer à la compétition comme certaines associations humanitaires et écologistes le demandent depuis des mois et les déclarations de joueurs ou d’entraîneurs sont inexistantes. Visiblement seule la compétition compte aujourd’hui à leurs yeux. Reste à voir, toutefois, si cette Coupe du monde valait vraiment le sacrifice d’autant de vies et si d’ici la fin du tournoi un nouveau scandale ne viendra pas entacher encore un peu plus le prestigieux championnat.

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img