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mardi 19 mars 2024

Philippines: La Nobel de la paix Maria Ressa acquittée d’évasion fiscale

La lauréate philippine du Nobel de la paix, Maria Ressa, et son site d’information en ligne Rappler ont été acquittés, hier, d’évasion fiscale, la journaliste se félicitant aussitôt que «la vérité l’emporte».

Par Rosa C.

Mme Ressa, colauréate du prestigieux Nobel de la paix en 2021 avec le journaliste russe Dmitry Muratov, fait face à trois autres affaires pénales, dont une condamnation pour cybercriminalité, actuellement en appel, pour laquelle elle encourt près de sept ans de prison. C’est une «victoire pour les journalistes» aux Philippines et dans le monde, a-t-elle dit lors d’un entretien à l’AFP après le verdict, estimant qu’il s’agissait d’un «espoir pour tous ceux qui ont été accusés injustement». «Si vous vous dressez contre le pouvoir, oui, vous vous faites tabasser (pendant) quatre ans et deux mois. Mais le droit va l’emporter au final», a-t-elle poursuivi. Cette journaliste chevronnée de 59 ans, qui possède également la nationalité américaine, a été l’une des plus virulentes critiques de l’ancien président Rodrigo Duterte, au pouvoir de 2016 à 2022, et de ses méthodes violentes dans la guerre anti-drogue. La Cour fiscale a indiqué que les procureurs n’étaient pas parvenus à apporter de preuves, «au-delà de tout doute raisonnable», d’évasion fiscale. «Aujourd’hui, les faits l’emportent. La vérité l’emporte», a déclaré, les larmes aux yeux, Mme Ressa, sur un ton de défi à la presse, après la décision rendue par la cour d’appel de Manille. «Une décision inverse aurait eu de lourdes conséquences sur la presse et les marchés de capitaux», a écrit Rappler dans un communiqué, ajoutant que le site continuerait de «tenir ses positions» pour la liberté d’informer. L’ancienne journaliste de CNN et le site Rappler, qu’elle a cofondé, étaient accusés d’avoir fourni des informations erronées dans une déclaration d’impôts à l’issue d’une vente d’obligations à des investisseurs étrangers en 2015. «Ces accusations étaient politiquement motivées», a affirmé Mme Ressa hier. «Nous avons pu prouver que Rappler n’est pas un fraudeur fiscal». La journaliste se bat depuis des années pour éviter la prison. Les poursuites dont elle fait l’objet sont emblématiques du harcèlement de la presse indépendante dans le pays selon les organisations de défense des droits humains. Mme Ressa et M. Muratov ont été récompensés en octobre 2021 par le comité Nobel pour leur combat pour la «sauvegarde de la liberté d’expression». Concernant les trois autres affaires auxquelles elle fait face, Maria Ressa a dit à l’AFP les aborder avec plus d’espoir. «Ce que nous savons maintenant, c’est que le monde regarde et que nous avons un gouvernement qui veut que le monde le regarde. Donc je suis optimiste», a-t-elle expliqué. Malgré ce jugement, l’avenir de Rappler, qui a vu le jour il y a une dizaine d’années, demeure incertain. Il livre toujours une bataille judiciaire contre une ordonnance de la Commission philippine des valeurs mobilières et des changes. En juin, à quelques jours de la fin de la présidence de M. Duterte, celle-ci avait ordonné la fermeture du site pour avoir violé «les restrictions constitutionnelles et légales sur la propriété étrangère dans les médias». L’organe de presse, qui continue d’opérer, est accusé d’avoir permis à des étrangers de prendre le contrôle de son site web en émettant des «certificats de dépôt» via sa société-mère Rappler Holdings. Selon la Constitution, les investissements dans les médias sont réservés aux Philippins ou aux entités contrôlées par des Philippins.
  R. C.

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