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mardi 21 mai 2024

Nucléaire

Angela Merkel, après de multiples tergiversations, avait fini, quelques années avant la fin de son dernier mandat à la tête de l’Allemagne, par céder aux écologistes les plus radicaux en décidant de sortir totalement son pays du nucléaire. Une décision «écologiste» qui aujourd’hui soumet pourtant le pays aux énergies fossiles les plus polluantes. Mais les dirigeants allemands ne semblent pas regretter cette décision et ont définitivement ces derniers jours tourné la page du nucléaire allemand. La sécurité énergétique est «assurée» en Allemagne, malgré la mise à l’arrêt définitive des trois dernières centrales nucléaires samedi, ont ainsi assuré, jeudi, les ministres de l’Environnement et de l’Économie, ajoutant que cette décision rendra le pays «plus sûr». «La grande disponibilité de l’approvisionnement énergétique en Allemagne reste assurée», ont-ils indiqué dans un communiqué. Les trois derniers réacteurs nucléaires en activité en Allemagne – Emsland (nord), Isar 2 (sud) et Neckarwestheim 2 (ouest), vont être définitivement éteints samedi. «La sortie du nucléaire rend notre pays plus sûr car les risques de l’énergie nucléaire ne sont pas maîtrisables», a ajouté la ministre de l’Environnement, Steffi Lemke. L’Allemagne met en œuvre la décision de sortir du nucléaire prise en 2002, et accélérée par Angela Merkel en 2011, après la catastrophe de Fukushima. Pour garantir la sécurité énergétique, Berlin met en avant «le niveau de remplissage élevé des réservoirs de gaz du pays» (64,5 %), grâce à l’importation massive de gaz naturel liquéfié (LNG) visant à remplacer le gaz russe dont la première économie européenne était très dépendante. La fermeture des derniers réacteurs aura toutefois été repoussée de six mois, en raison de la guerre en Ukraine qui a provoqué l’hiver dernier l’envolée des prix du gaz et fait craindre des pénuries d’approvisionnement. Avant l’échéance de samedi, plusieurs figures politiques ont dit craindre pour les objectifs climatiques de l’Allemagne et l’indépendance énergétique du pays privé de l’énergie atomique. «C’est un jour noir pour la protection du climat», a déclaré, mardi, Jens Spahn, chef de file des conservateurs de la CDU au Parlement. Les trois derniers réacteurs fournissaient 6 % de l’énergie produite dans le pays l’an dernier, contre 33 % pour le charbon, qui a lui-même connu une hausse de 8 % en 2022 en raison de la crise gazière. Au sein même de la coalition, des membres du parti libéral FDP, dont le président Christian Lindner occupe le ministère des Finances, ont demandé une nouvelle prolongation des centrales. «C’est une erreur stratégique, dans un environnement géopolitique toujours tendu», a ainsi asséné le secrétaire général du FDP, Bijan Djir-Sarai, lundi dernier. «Nous restons fidèles à la sortie de l’atome qu’ont décidée le FDP et la CDU en 2011», a rétorqué jeudi Robert Habeck, le ministre de l’Economie et du Climat. Le gouvernement d’Angela Merkel était mené par la CDU, allié avec le FDP, lorsque la chancelière a décidé d’accélérer la sortie du nucléaire. La stratégie allemande est ainsi aujourd’hui à l’opposé de celle de l’Hexagone, la grande alliée de Berlin au sein de l’Union européenne, Paris, après quelques tâtonnements ayant définitivement décidé que le nucléaire était l’avenir de l’énergie en France. Car aujourd’hui, si les écologistes allemands se félicitent de leur exploit, il n’en reste pas moins que pour pallier les manquements d’électricité, l’Allemagne doit compter sur les énergies les plus polluantes, et sont soumis à d’autres pays pour obtenir le gaz nécessaire à leur population. Reste que le bilan de cette décision ne sera possible que dans quelques années, et l’on pourra alors voir qui de la France ou de l’Allemagne a pris la décision la plus sage pour son avenir et son peuple.

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