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mardi 21 mai 2024

Les Ukrainiens devenus allergiques aux critiques de leurs alliés

Lors d’une réunion informelle, bien que cyclique, tenue fin août à Tolède, des ministres européens des Affaires étrangères, le représentant de l’Ukraine, Dmytro Kuleba, présent en tant qu’invité d’honneur, outré des critiques sur la façon dont était menée la contre-offensive ukrainienne, a demandé en termes très peu diplomatiques à leurs auteurs de se taire sur-le-champ. Un pays qui sans l’aide de ses alliés aurait cessé d’exister en tant qu’Etat indépendant, mais dont le représentant ne craint pas de houspiller les chefs de la diplomatie de ces mêmes alliés réunis au grand complet, non pas pour avoir manqué à leurs engagements, mais pour s’être montrés mécontents des résultats d’une contre-offensive, voilà quelque chose qui probablement se produit pour la première fois. Ou vous vous taisez, a poursuivi le ministre, ou vous vous rendez aux premières lignes afin de prouver qu’effectivement vous savez vous battre mieux que le soldat ukrainien, qui lui est en train de se sacrifier pour vous aussi. Jusque-là on croyait que parmi les Ukrainiens seul Volodymyr Zelenski était sujet à de tels accès, si offensants pour ceux qui en font les frais.

On sait maintenant que son ministre des Affaires étrangères non seulement peut en avoir lui aussi, mais que les siens sont plus directs encore. On se demande si à la réunion de Tolède étaient représentés les Etats-Unis, il aurait eu malgré tout des propos de la même veine, ou s’il aurait pris soin d’en choisir de moins vexants, justement par crainte des réactions américaines. Jusque-là, en effet, les dirigeants ukrainiens ont semblé ménager davantage les Américains, dont l’aide d’ailleurs est nettement plus importante, que celle de leurs autres alliés, les Européens, auxquels ils ont souvent rappelé qu’ils se battaient pour leur liberté à eux également, laissant entendre par là même qu’il pourrait en être autrement à
l’avenir. Pourtant des critiques américaines sur la manière dont les Ukrainiens mènent leur contre-offensive n’ont pas manqué, il s’en faut. Le fait est que les Européens ne prennent jamais l’initiative d’en formuler les premiers, mais attendent que les Américains s’y mettent d’abord, avant d’asséner les leurs, qui souvent sont les mêmes. Evidemment, les critiques ne sont aussi intolérables pour les Ukrainiens que parce qu’il est vrai que la contre-offensive n’avance guère. Elle se ferait à un rythme plus accéléré, ils ne penseraient peut-être même à répondre à ceux qui trouveraient encore qu’elle n’était pas assez rapide. Mais si les Américains font des critiques ces derniers temps, ils ne sont pas avares d’éloges, même si souvent ceux-ci ne sont pas mérités. C’est ainsi qu’il leur arrive de rapporter telle percée ukrainienne, au sud exclusivement, dont la confirmation tarde à venir, toujours présentée comme étant le véritable début de la contre-offensive. Ils ont fait cela à deux ou trois reprises. La dernière en date est toute récente. Les Ukrainiens auraient pris une position clé dans Zaporijjia, le village de Robotyne, à partir de quoi l’avancée dans le dispositif ennemi est censée aller plus vite. Il ne serait pas étonnant que dans quelques heures il n’en soit plus question, de fausses percées de ce genre n’étant pas rares. Il se trouve encore que contrairement aux Européens, les Américains essayent d’apporter des solutions aux difficultés rencontrées par les Ukrainiens sur leur chemin. Après la livraison de bombes à fragmentation, soi-disant pour pallier le manque de munitions, les voilà qui d’après des sources crédibles se prépareraient à envoyer des missiles à uranium appauvri, emboitant en cela le pas aux Britanniques, qui après avoir mis en garde les Russes contre la tentation de recourir au nucléaire, ont été les premiers à l’introduire en Ukraine.

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