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dimanche 19 mai 2024

Le spectre de la grève générale de retour en Europe

 

En Ukraine il y a la guerre, et cela depuis bientôt huit mois, mais dans le reste du monde, il y a l’inflation et la pénurie touchant les produits de première nécessité,  ceux de l’alimentation et de l’énergie en  tout premier lieu, lesquelles grèvent les budgets les plus modestes y compris dans les pays riches. Elles présagent également d’un hiver particulièrement difficile dans les pays froids, dans une large mesure les mêmes que les premiers. L’inflation n’est cependant  pas une conséquence directe de la guerre, ayant commencé avant que celle-ci n’éclate. Tout au plus l’a-t-elle aggravée. Même la hausse des carburants et du gaz n’est pas imputable directement à la guerre, mais à un phénomène plus général, dont on ne parle pas assez, qui est le renchérissement des matières premières, une révolution quasi silencieuse de portée mondiale dont on peut se demander si elle est réversible. Jusqu’à ces derniers temps, des régions entières dans le monde pouvaient  en être à peu près totalement dépourvues et cependant figurer au nombre des économies les plus avancées.  Dans le monde qui s’annonce, il sera difficile pour une économie d’être prospère tout en étant pauvre en matières premières. La guerre en Ukraine survient à un moment de l’histoire qui voit la fin des matières  premières abondantes et bon marché. Les premières d’entre elles, ce sont les hydrocarbures, dont bien des secteurs d’activité dépendent encore. Le continent européen dans son ensemble n’en est pas riche. Cela ne l’a pas empêché de bâtir une économie qui elle l’est. Le renchérissement de l’énergie lui nuira considérablement s’il est appelé à s’installer dans le temps. Cette année, l’Europe s’apprête à connaître son premier hiver dans une ère dont tout indique qu’elle est à la fois nouvelle et durable, et plus immédiatement dans le contexte d’une guerre à ses frontières orientales. Elle n’y est pas encore en plein qu’elle est prise d’angoisse, qu’elle s’inquiète de ce qui adviendra d’elle si elle replonge dans le froid, une rigueur dont elle a perdu jusqu’au souvenir. Des grèves éclatent dans son périmètre qui menacent de se généraliser. C’est notamment le cas en Grande-Bretagne, la première dans le continent à renouer avec leurs désagréments, même  pendant quelque temps la seule à les subir. L’arrivée d’une nouvelle Première ministre n’a rien arrangé, elle a même ajouté à la tension sociale, tout en perturbant les marchés financiers, une sorte d’exploit pour un gouvernement de conservateurs. Ceux-ci  n’ont d’ailleurs pas l’air de se calmer, bien que la mesure à l’origine de leur choc, le cadeau fiscal en faveur des plus riches, ait été annulée.  Puis c’est au tour  de la France de rentrer dans des grèves sectorielles, pour l’heure celles des raffineries, de toutes les plus dures à vivre, les plus à même en tout cas de bloquer un pays, pour la pénurie de carburants qu’elles entraînent. Le gouvernement français en a été réduit à recourir aux réquisitions du personnel, et encore,  seulement là où un accord sur l’augmentation des salaires est intervenu entre les syndicats et le patronat. Demain, une marche contre l’inflation est prévue à Paris, à l’appel de la Nupes, une alliance des partis de gauche. Une grève interprofessionnelle à l’appel de la CGT contre la vie chère et les réquisitions doit prendre la relève deux jours plus tard. Deux actions qui à l’évidence ont pour but de prendre la mesure du mécontentement des Français avant d’en appeler, ou non d’ailleurs, cela dépendra de la mobilisation à laquelle elles auront donné lieu, à la grève générale.

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