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dimanche 19 mai 2024

Le bilan de la riposte iranienne reste à faire

Lorsqu’à l’issue d’une péripétie décisive dans le courant d’une crise n’augurant rien de bon pour la paix du monde, tous les protagonistes sont satisfaits du résultat ponctuel, alors c’est que c’est la crise elle-même qui se termine, en tout cas dans sa phase actuelle. La riposte de l’Iran à la frappe israélienne contre son consulat à Damas s’est produite finalement, en quelque sorte dans les temps prescrits, et d’une certaine façon dans les formes et dimension qu’on lui avait par avance prêtées, comme si le but principal de ses auteurs était de ne rien faire au-delà des limites convenues on ne sait trop comment. Les trois protagonistes, c’est-à-dire les Etats-Unis, Israël et l’Iran, à qui c’était le tour d’agir, se sont félicités de leurs réalisations dans la confrontation d’hier. Les deux premiers ont considéré que la riposte iranienne a été un grand échec, un échec stratégique ont-ils même tenu à préciser, alors que le troisième a estimé avoir atteint son véritable objectif, qui était de toucher la base aérienne israélienne d’où était partie l’attaque contre son consulat à Damas.

L’Iran a attaqué Israël avec une nuée de drones et de missiles, dont la plupart selon toute vraisemblance n’ont même pas atteint Israël, car interceptés par les systèmes de défense anti-aérienne américains disséminés dans la région, au-dessus de la Jordanie, de l’Irak, et peut-être d’autres pays. Au final, seul un petit nombre de ses projectiles est parvenu jusqu’à Israël, et un plus petit encore, qui s’est abattu sur sa cible. De ce fait, le bilan de l’attaque a été vite établi. En particulier aucun civil israélien n’en est mort ou blessé, un gage de succès pour tous les protagonistes. Si au lieu de l’Iran, c’était au tour d’Israël de montrer de quoi il était capable, des morts et des blessés, il y en aurait eu chez les Iraniens, comme on le voit à Ghaza depuis maintenant plus de six mois. Les Iraniens se sont félicités de n’avoir visé que des installations militaires, d’avoir pris soin de ne pas agir à la ressemblance des Israéliens, et d’être mis sur le même plan qu’eux. Reste qu’il ne sera possible de se faire une idée plus ou moins exacte du bilan de l’attaque du 14 avril que dans la suite des événements. Or il semble déjà acquis qu’Israël, sous la pression notamment des Américains, qui ne veulent pas d’une riposte à la riposte, ne répondra pas, du moins pas militairement. Il aurait d’ailleurs plus à gagner en se retenant, en se forçant à agir contre ses propres pulsions destructrices, lui qui déjà est très isolé dans le monde pour tous ses crimes dans la guerre à Ghaza. Une opportunité s’offre à lui de commencer à se racheter, dont les Américains voudraient le voir se saisir. Evidemment, on ne peut exclure pour le moment qu’il ait aussi compris que sans ses alliés présents dans la région, les Etats-Unis bien sûr, mais aussi la Grande-Bretagne et la France, le bilan de l’attaque aurait été nettement plus lourd. On saura si l’Iran a bien calculé son coup ou si au contraire il l’a complètement raté, et qu’il lui faudra par conséquent en porter un autre s’il tient toujours à forcer Israël au respect, à la façon dont ce dernier va se comporter par la suite avec lui. Si dès demain, une frappe israélienne est effectuée sur telle ou telle de ses positions en Syrie par exemple, alors c’est que l’attaque du 14 avril a été un coup pour rien, et qu’Israël en a tiré la conclusion qu’il n’a plus rien à craindre venant de lui. Mais si au contraire Israël cesse d’effectuer des frappes en Syrie, alors c’est que la leçon a bel et bien été retenue par lui.

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