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samedi 20 avril 2024

La trêve américaine

On aurait à peine tort en disant que l’histoire des quelque jours passés de guerre au Soudan, une dizaine tout au plus, pour autant bien sûr que le mot de guerre ne soit pas en l’occurrence excessif, est l’histoire des trêves pas plus tôt décrétées que violées qui les ont ponctués. La première d’entre elles a été annoncée quelques heures seulement après le début des affrontements. On ne se souvient pas d’un exemple ailleurs dans le monde où il fut question d’arrêt des hostilités si peu de temps après qu’elles eurent commencé. Est-ce dû à la spécificité des affrontements dans Khartoum où se déroulent la plupart ? Lesquels affrontements avaient éclaté et se sont poursuivis au milieu de la population ? On comprend qu’il faille les faire cesser au plus vite avec un tel champ de bataille. Les protagonistes ont parlé de leur fin alors même qu’ils venaient de commencer. La dernière de ces trêves, annoncée lundi par le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, devant prendre effet à minuit pour s’étendre sur 72 heures, tiendra-t-elle pour sa part ?

Sera-t-elle la bonne, à la différence des trois précédentes, dont on se demande si au lieu de l’accalmie recherchée elles n’avaient pas plutôt attisé les combats ? Elle a été négociée et obtenue par les Etats-Unis, avec, à ce qu’il semble, la collaboration de l’Arabie saoudite. Les Etats-Unis à la différence de beaucoup d’autres pays, et d’abord de l’Arabie saoudite, qui en cela en a le plus fait, alors que la discrétion et même le profil bas étaient de mise, n’ont encore mené aucune opération militaire d’évacuation de leurs ressortissants, s’ils se sont en revanche empressés de rapatrier leurs diplomates et de fermer leur ambassade. La hâte, et davantage encore la publicité qui l’a accompagnée, dont ont fait preuve bien des pays pour évacuer leurs ressortissants, ne sont pas du meilleur goût. On retiendra qu’il y a plus eu d’images de ces opérations d’évacuation présentées par leurs auteurs comme difficiles, périlleuses même, que d’images de guerre proprement dites. On peut comprendre qu’il y ait eu beaucoup de ce genre d’images dans les débuts de la guerre en Ukraine. Elles n’ont pas semblé en décalage par rapport à leur cause : l’invasion d’un pays par l’armée d’une puissance voisine. Et puis surtout elles montraient des Ukrainiens fuyant une véritable guerre, d’une grande intensité. Les tonnes d’images d’étrangers, pas même fuyant le Soudan mais le quittant en bon ordre, le drapeau de leurs pays respectifs à la main, comme s’ils étaient en représentation, laisse une déplaisante impression. Plus un pays est respectueux du Soudan et des Soudanais, plus il a été discret. C’est le cas des Etats-Unis, celui des Russes, des Chinois, des Brésiliens, et bien d’autres encore. Ce fut heureusement aussi le cas de l’Algérie, qui n’a pas profité de l’occasion pour faire étalage de ses moyens et de son savoir-faire en matière d’exfiltration de ses ressortissants hors des zones de guerre. On croirait presque que les Américains ont pris soin de
s’épargner ce ridicule parce qu’ils voulaient préserver toute leur influence sur les factions soudanaises en lutte. Si la trêve est respectée, cette attitude toute de discrétion de leur part aura été pour quelque chose.

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