Apôtre de la désindustrialisation de la France depuis de très longues années, Emmanuel Macron tente toutefois aujourd’hui, alors que l’industrie française se meurt, de se présenter comme le sauveur du secteur. Plus étonnant encore, le président français dépeint ses adversaires politiques comme ceux ayant à cœur de saboter l’industrie hexagonale. Au terme d’une visite dans le Nord vendredi, le président a accordé une interview à «La Voix du Nord», durant laquelle il critique sans ménagement ses opposants et leurs programmes. «J’en appelle à la responsabilité des extrêmes qui aujourd’hui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. Si on applique le programme de LFI et du RN, la désindustrialisation est assurée», pilonne le président de la République. Emmanuel Macron saisit d’ailleurs l’occasion pour attaquer son ancienne adversaire du second tour de la présidentielle : «Si on applique le programme de Madame Le Pen, il n’y a aucune chance de réindustrialiser le pays. Avec la retraite à 60 ans, avec une TVA sur les consommateurs, le pays sera ruiné». Pour le locataire de l’Élysée, «quand une usine ferme, les services et administrations ferment. (…) La réindustrialisation, c’est travailler plus, créer des bons emplois, remettre de la souveraineté et permettre de répondre au défi climatique». Et d’ajouter, offensif, que les Français n’ont «plus à croire ceux qui (leur) mentent économiquement et jouent avec (leurs) colères, car nous trouvons des réponses de fond». D’après l’analyse du chef de l’État, la France est devenue «le pays plus attractif d’Europe depuis quatre ans» à la suite de «réformes courageuses» et parce que l’exécutif «tient malgré la démagogie» des oppositions. Comme à chacun de ses déplacements après la promulgation de la réforme des retraites, Emmanuel Macron avait un comité d’accueil pour l’accueillir. Si ce dernier a été tenu à l’écart par les forces de l’ordre, le président de la République s’en explique : «Je vais toujours au contact, y compris pour me faire engueuler. Mais quand les gens viennent pour lancer des projectiles, agresser ou couvrir votre voix d’un bruit, ce n’est que de l’incivisme. Il ne faut pas être obnubilé par une toute petite minorité». Pourtant, ces incidents sont constants et ont lieu à chacune de ses sorties publiques depuis plusieurs années déjà. Quant à la désindustrialisation de la France, l’on peut estimer sans trop s’avancer, que la vente dès le début de mandat de Macron en 2017 de plusieurs fleurons de l’industrie française et la facilitation de la délocalisation aura été un plus gros contributeur que toutes les mesures présentées par Marine Le Pen sur lesquelles tape Macron en espérant que le public oublie son rôle, très actif, dans la paupérisation de l’industrie française. Reste à savoir si le président pense vraiment qu’en pointant du doigt ses adversaires politiques les Français n’y verront que du feu, ou s’il a tout simplement décidé de prendre le risque de les antagoniser encore plus, alors que sa cote de popularité est aussi basse aujourd’hui qu’elle l’était au moment de la crise des «gilets jaunes».
