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vendredi 29 mars 2024

Déjà la fin du deuxième mandat d’E. Macron ?

Le gouvernement d’Elisabeth Borne ayant une fois de plus recouru à la procédure dite du 49-3, qui permet l’adoption d’une loi sans un vote à l’Assemblée, pour faire passer une réforme des retraites franchement impopulaire, une motion de censure a été déposée contre lui, qui sera mise aux votes dans les prochaines heures. En fait, ce n’est pas à une seule motion de censure qu’il doit maintenant résister, mais à deux, émanant de deux bords différents, mais comme une seule suffirait à le renverser si elle était approuvée par une majorité de députés, le singulier en l’occurrence n’est pas à proprement parler une inexactitude. Le gouvernement Borne reposant sur une majorité relative n’en est pas à sa première utilisation du 49-3, mais à la onzième du genre, lui qui n’a pas encore bouclé sa première année d’existence. Les motions de censure par conséquent, il connaît, ayant survécu à toutes celles qui ont été brandies contre lui en vue de le renverser. Un seul gouvernement avant lui avait fait un usage plus fréquent que le sien d’une procédure conçue pour ne servir que de loin en loin, celui de Michel Rocard entre 1988 et 1991, qui pour sa part y avait recouru 28 fois.

Son intention n’était d’ailleurs pas d’en user en l’occurrence, ayant cru jusqu’à la dernière minute qu’il pouvait compter sur les voix des républicains pour faire adopter dans les règles la réforme en question. Cette dernière ayant rencontré une opposition populaire étalée dans le temps, faite de grèves plutôt bien suivies et de manifestations parfois imposantes, il a eu à cœur de s’en tenir à la procédure d’adoption normale, seule façon pour lui de montrer qu’il n’était pas aussi minoritaire que le prétendaient ses détracteurs. Et puis est arrivé le jour du vote, et l’annonce par la Première ministre du passage en force, ce qui a provoqué le chaos à l’Assemblée. Le gouvernement actuel a si souvent survécu aux motions de censure que les chances qu’il succombe à la prochaine ne semblent pas très grandes. La question se pose cependant de savoir si le cas présent n’est pas différent des précédents. Faire adopter des dispositions ayant trait au budget par une procédure dont le but premier est de faire gagner du temps, non de court-circuiter la voie la plus démocratique, cela peut se comprendre. Y recourir dans le cas d’une réforme comme celle des retraites, dont la marque n’est pas l’urgence, peut produire des effets d’une tout autre nature. La motion de censure qui s’ensuit peut être différente par conséquent. De même qu’il y avait un risque qu’une majorité vote contre elle, un risque que le gouvernement d’ailleurs n’a pas voulu courir, il en existe un autre que la motion de censure soit adoptée. Cela est d’autant plus probable que l’opinion publique est opposée à la réforme, et est même en mouvement pour lui faire échec. Rien de tel auparavant. Si la motion de censure est votée, le gouvernement Borne est renversé, et l’Assemblée dissoute. Des législatives se tiendront alors, d’où selon toute vraisemblance sortira une majorité présidentielle encore plus relative que celle d’aujourd’hui. On ne peut même pas exclure que le président Macron se retrouve sans majorité du tout, ce qui du même coup mettrait fin à son deuxième mandat, qu’il se décide alors à quitter le pouvoir ou qu’il se résigne à une forme de cohabitation.

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