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mercredi 22 mars 2023

Zelensky demande la paix

Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, et tout ce qu’il représente dans son pays, n’ont tout compte fait pas attendu longtemps avant de mettre deux fers au feu dans la guerre les opposant à la Russie, alors même que cette guerre n’en est encore qu’à son vingt-quatrième jour. Il n’aura pas non plus trop tardé avant de demander la paix, avant que la Russie, qui a déjà payé un certain prix pour son invasion de l’Ukraine, et que venant ensuite à subir d’autres pertes, elle ne décide de durcir ses conditions pour un retour à la paix. Le premier des fers placé par les Ukrainiens dans le feu a consisté à parier non pas tant d’ailleurs sur l’amitié que sur l’intérêt de l’Otan, dont ils voulaient être membres, à leur apporter toute l’aide nécessaire pour que l’armée russe soit défaite par la leur dès sa première contre-offensive contre l’élargissement de l’alliance militaire dirigée par les Etats-Unis à l’est. Si les Occidentaux ont envoyé des cargaisons d’armes, s’ils ont pris contre la Russie des sanctions économiques et financières dont on ne connait pas d’exemple, ils se sont cependant gardés de prendre la mesure qui aurait eu pour effet inéluctable de les entraîner dans la guerre à leur côté, et qu’eux-mêmes pour cela justement n’ont cessé de la leur réclamer : la fermeture de l’espace aérien ukrainien aux avions russes.

Leur deuxième fer au feu concerne quant à lui la Russie, avec laquelle ils sont entrés en pourparlers quasiment dès les premières heures suivant le 24 février, premier jour de l’offensive russe. L’avantage du stratagème, c’est qu’il permet de jouer l’ami contre l’ennemi et réciproquement, tout en accordant le temps de voir qui des deux est le plus disposé à faire des concessions. Mais comme décidément tout va vite dans cette guerre, même quand elle semble s’enliser, là aussi le pouvoir ukrainien n’a pas longtemps hésité à choisir lequel des deux fers il serait bon pour lui de retirer du feu. La demande de paix faite, il y a peu, par Zelensky, a surpris les alliés occidentaux, qui étaient parvenus à se convaincre que les Ukrainiens étaient déterminés à se battre à la fois pour l’Ukraine et pour leur propre tranquillité jusqu’au dernier de leurs combattants. Pour autant, ne confondons pas demande de paix et capitulation. Un bord peut demander la paix sans avoir encore perdu la guerre, parce que certain de sa défaite si les hostilités devaient se poursuivre avec la même intensité. L’armée ukrainienne se sachant condamnée à l’effondrement à plus ou moins brève échéance, l’intérêt de son pays lui commande d’aller à la paix sans plus tarder, maintenant qu’elle est encore capable de résister à la puissance de feu russe, incomparablement supérieure à la sienne. En tout état de cause, une solution négociée vaut mieux qu’une capitulation pure et simple. Les Ukrainiens savent ce qu’ils doivent concéder aux Russes : la neutralité ou la neutralisation de leur pays, en premier lieu
l’abandon du projet d’intégration à l’Otan, lequel figure dans leur Constitution, qu’il faut donc changer, et la reconnaissance de l’annexion de la Crimée, ainsi peut-être que l’indépendance des deux républiques autoproclamées du Donbass. S’ils demandent à négocier, c’est qu’ils ne se font plus d’illusion sur l’engagement à leur côté de l’Otan, qui n’est prête ni à les intégrer ni à leur donner les véritables moyens de se défendre.

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