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jeudi 30 novembre 2023

Violence expressive et fake news sur les réseaux sociaux et dans la presse électronique: Ammar Belhimer dénonce une «démocratisation de la méchanceté»

Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a affirmé, hier, que la «violence expressive» véhiculée par les réseaux sociaux est «inadmissible» et «menace» le tissu social national. Il a assuré que son département ministériel saisira la justice «chaque fois que de besoin».

Par Meriem Benchaouia

«Le poids des nouvelles technologies de communication ne fait point de doute. Il reste à connaître la qualité du message qui est, malheureusement, à bien des égards peu enviable. La  violence expressive qui se déverse sur nos réseaux sociaux est inadmissible et menace le tissu social de banalisation de l’incivisme, de brutalisation et d’ensauvagement, imposant ce que d’aucuns ont appelé une démocratisation de la méchanceté et d’autres passions tristes», a déploré le ministre dans un entretien accordé à l’Agence de presse nationale. Abordant  l’impact du foisonnement des fake news sur les réseaux sociaux et dans la presse électronique, il s’est référé aux résultats d’un sondage réalisé par Immar en avril 2019, selon lesquels 18 millions d’Algériens sont quotidiennement exposés aux chaînes de télévisions, 17 millions à Internet, 15,5 millions aux médias sociaux, 3 millions aux radios et, enfin, 2,6 millions sont des lecteurs. Tout en s’opposant à la «banalisation et à la légitimation de la violence, sous quelque forme que ce soit, dans le débat public, où qu’il se déroule et quel que soit son enjeu», il a indiqué que cette violence donnait libre cours aux «trolls», rappelant qu’il s’agit d’une expression désignant «les internautes plus ou moins malveillants dont l’objectif est de pourrir des fils de discussion en générant artificiellement des polémiques». «Au-delà du trolling et de l’agressivité comme registre d’expression, que l’on pourrait réunir sous le terme d’incivilités, le cyber-harcèlement militant et les discours de haine, même s’ils sont punis par la loi, en raison des dommages psychologiques qu’ils peuvent occasionner chez leurs victimes, ont également des effets néfastes sur le débat public et peuvent être considérés comme des atteintes au pluralisme démocratique, car engendrant des phénomènes de censures collectives et d’autocensure qui appauvrissent le débat», poursuit le ministre. Tout en qualifiant ces produits informationnels motivés par l’argent de «particulièrement nocifs», le porte-parole du gouvernement a estimé que le dispositif répressif mis en Algérie pour lutter contre ce phénomène «n’est pas plus sévère que d’autres», rappelant que la loi n°  20-05 du 28 avril 2020 relative à la prévention et à la lutte contre la discrimination et le discours de haine comprend 48 articles, répartis en 7 chapitres, traitant des mécanismes de prévention contre la discrimination et le discours de haine. De même que ladite loi stipule des règles procédurales ainsi que tout ce qui se rapporte aux dispositions pénales, à la coopération judiciaire et aux peines définitives, détaille-t-il encore, avant de rappeler la disposition prévoyant «une peine d’emprisonnement de deux ans à cinq  ans et une amende de 200 000 DA à

500 000 DA, pour quiconque produit, fabrique, vend, propose à la vente ou à la circulation des produits, des marchandises, des imprimés, des enregistrements, des films, des cassettes, des disques ou des programmes informatiques ou tout autre moyen portant toute forme de discours pouvant provoquer la commission des infractions prévues par la loi». Ces dispositions, a-t-il commenté, s’ajoutent au nouveau dispositif d’incrimination et de répression de la diffusion et de la propagation de fausses informations portant atteinte à l’ordre et à la sécurité publics, citant l’amendement de l’article 196 bis du code pénal qui prévoit de punir «quiconque volontairement diffuse ou propage, par tout moyen, dans le public des nouvelles ou informations, fausses ou calomnieuses, susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre public, compte tenu de l’effroi qu’ils sèment au sein des citoyens et du climat d’insécurité qu’ils génèrent dans la société». Interpellé sur le rôle du département qu’il dirige, quant au respect du droit, son premier responsable rétorque en ces termes : «Le ministère de la Communication ne peut pas se taire devant les publications électroniques nauséabondes attentant à l’honneur et à la dignité des responsables de l’Etat et saisira la justice chaque fois que de besoin pour que les sanctions les plus sévères soient prononcées contre leurs auteurs».

M. B.

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