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dimanche 26 mars 2023

Violation

Donald Trump avait surpris le monde après sa main tendue à la République communiste nord-coréenne en 2019, allant jusqu’à se déplacer à Pyongyang pour rencontrer le dirigeant Kim Jong-Il. Une main tendue qui se soldera finalement par un échec mais qui tranche avec la politique ostensiblement anti-chinoise du président républicain. Et son successeur, semble bien décidé à maintenir l’hostilité envers Pékin. Joe Biden a ainsi de nouveau déclaré cette semaine que les «Américains défendraient Taïwan en cas d’invasion chinoise». La Chine a conséquemment dénoncé une «grave violation» des promesses diplomatiques de Washington après les propos du président américain. Lors d’une interview diffusée ce week-end, la chaîne américaine CBS a demandé à Joe Biden si «des Américains défendraient Taïwan en cas d’invasion chinoise». Il a répondu : «Oui, si une attaque sans précédent venait à se produire». Cette déclaration de Biden constitue «une grave violation de l’engagement important des États-Unis à ne pas soutenir l’indépendance de Taïwan», a immédiatement réagi Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. «Cela envoie un mauvais signal, grave, de soutien aux forces séparatistes militant pour l’indépendance de Taïwan», a-t-elle souligné devant la presse. La Chine estime que Taïwan, peuplée de 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949). En sept décennies, l’armée communiste n’a jamais pu conquérir l’île, laquelle est restée sous le contrôle de la République de Chine, le régime qui gouvernait jadis la Chine continentale et ne gouverne plus aujourd’hui que Taïwan. Par trois communiqués conjoints signés en 1972, 1979 et 1982, les États-Unis s’étaient notamment engagés à reconnaître le gouvernement de Pékin comme seul représentant légitime de la Chine. Washington a ainsi coupé ses liens diplomatiques avec Taipei en 1979. Les propos de Joe Biden interviennent après un rapprochement significatif entre les États-Unis et Taïwan, au moment où les relations Pékin-Washington sont au plus bas depuis des décennies. Mercredi dernier, un projet de loi qui prévoit une première aide militaire américaine directe à Taïwan a franchi une étape clé au Congrès. Quelques jours plus tôt, Washington avait annoncé la vente pour 1,1 milliard de dollars d’armes à Taipei. Début août, une visite sur l’île de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, avait aussi provoqué la fureur de Pékin. «Nous exhortons la partie américaine à reconnaître pleinement l’extrême importance et la haute sensibilité de la question de Taïwan (…) afin de ne pas nuire encore davantage aux relations sino-américaines», a indiqué Mao Ning. De leur côté, les Américains continuent à affirmer que la politique des États-Unis à l’égard de Taïwan «n’a pas changé». Le changement de ton des Américains vis-à-vis des Chinois ne date toutefois pas du mandat de Donald Trump. Déjà, durant la seconde présidence de Barack Obama, la Maison-Blanche avait commencé à se montrer plus distante et plus dure avec Pékin. Avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, le changement de ton est devenu apparent aux yeux du monde. Joe Biden semble ainsi poursuivre une politique initiée par le président qu’il a servi durant huit ans en tant que vice-président. Reste à voir jusqu’où ira la détérioration des relations entre Washington et Pékin et si les deux nations risquent réellement d’en venir à s’affronter militairement.

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