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jeudi 21 septembre 2023

Victoire

Les menaces d’Ursula von der Leyen la semaine dernière n’ont visiblement eu aucun impact sur les Italiens qui ont décidé de voter massivement pour le parti de coalition des droites, Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni. En effet, le mouvement est arrivé en tête aux législatives dimanche 25 septembre en Italie. Un fait sans précédent depuis 1945. En restant dans l’opposition à tous les gouvernements qui se sont succédé depuis les législatives de 2018, Fratelli d’Italia s’est imposé comme la principale alternative et est passé de 4,3 % il y a quatre ans à environ un quart des voix (entre 22 et 26 %), selon les premiers sondages de sortie des urnes, devenant ainsi le premier parti du pays. La coalition qu’elle forme avec la Ligue de Matteo Salvini, et Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, raflerait jusqu’à 47 % des suffrages et, avec le jeu complexe des circonscriptions, devrait s’assurer la majorité absolue des sièges aussi bien à la Chambre des députés qu’au Sénat. Giorgia Meloni a revendiqué dimanche soir la direction du prochain gouvernement. «Les Italiens ont envoyé un message clair en faveur d’un gouvernement de droite dirigé par Fratelli d’Italia», a déclaré Meloni lors d’une brève allocution à la presse à Rome. «Nous gouvernerons pour tous les Italiens», a-t-elle promis. «Nous le ferons dans l’objectif d’unir le peuple», a-t-elle ajouté dans un discours de rassemblement et d’apaisement en reconnaissant que la campagne électorale avait été «violente et agressive». En pole position pour devenir la première femme cheffe de gouvernement, Meloni, une Romaine de 45 ans, qui jeune militante disait admirer Mussolini, est parvenue à dédiaboliser son image et à rassembler sur son nom les peurs et les colères de millions d’Italiens face à la flambée des prix, le chômage, les menaces de récession ou l’incurie des services publics. Avec ses deux alliés, Salvini et Berlusconi, elle promet des baisses d’impôts, le blocage des migrants traversant la Méditerranée, ainsi qu’une politique familiale ambitieuse pour relancer la natalité dans un pays vieillissant. Ce bouleversement politique intervient deux semaines après celui qui, en Suède, a vu la victoire d’un bloc conservateur comprenant les Démocrates de Suède (SD). SD et FdI font partie du même groupe au Parlement européen. Dans son avertissement la semaine dernière, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a rappelé que l’UE disposait d’«instruments» pour sanctionner les États membres portant atteinte à l’État de droit et à ses valeurs communes. De son côté, Meloni a prévenu Bruxelles qu’elle exigerait de revoir les termes de la relation de l’Italie avec l’UE : «La fête est finie, l’Italie va commencer à défendre ses intérêts nationaux», a-t-elle mis en garde. Elle réclame notamment une réforme du pacte de stabilité et la renégociation, pour tenir compte de l’inflation, de l’aide colossale de 190 milliards d’euros octroyée par ses partenaires européens à la troisième économie de la zone euro pour se relancer après la pandémie. Les Européens s’alarment aussi des positions sur les questions de société de «La Meloni», comme on l’appelle en Italie, dont la devise est «Dieu, famille, patrie», et qui est proche du Premier ministre hongrois, Viktor Orban. Reste à voir si Bruxelles mettra ses menaces à exécution et sanctionnera l’Italie, pays fondateur de l’UE, si le pays décide de sortir des clous édictés par la bureaucratie européiste. Car si Meloni a un programme tranchant avec la politique italienne de ces dernières décennies, elle devra surtout trouver les moyens de le mettre en pratique. Moyens logistiques mais surtout financiers et si von der Leyen venait à sanctionner économiquement Rome, la victorieuse cheffe de file de la Fratelli d’Italia pourrait se retrouver paralysée politiquement.

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