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samedi 20 avril 2024

Victoire

Harcelée depuis des années par l’Union européenne, la Hongrie a choisi une fois encore de confier le pouvoir au président en place, Viktor Orban, et ce, pour la quatrième fois consécutive. Le dirigeant souverainiste a en effet remporté dimanche une quatrième victoire d’affilée, bien plus facilement que prévu, à l’issue de législatives à l’ombre de la guerre en Ukraine. A 58 ans, le doyen des dirigeants en exercice de l’UE faisait face une alliance inédite et disparate de six partis, décidée à combattre «autoritarisme» et «corruption» de 12 ans d’ère Orban. Les analystes avaient prédit une bataille serrée mais les résultats sont sans appel : le parti Fidesz de M. Orban recueillait 53,35 % des voix après le dépouillement de 93 % des bulletins, contre 34,75 % pour l’opposition, a précisé le Bureau national électoral. Fort de cette avance, le Premier ministre est assuré de conserver une majorité des deux tiers au Parlement. L’affluence a été forte, s’approchant des records enregistrés en 2018. «Nous avons remporté une victoire exceptionnelle, une victoire si grande qu’on peut sans doute la voir depuis la lune, et en tout cas certainement depuis Bruxelles», a déclaré tout sourire Orban, habitué des bras de fer avec l’UE. Autre surprise du scrutin, le jeune parti d’extrême droite Mi Hazank a dépassé le seuil des 5 % nécessaire pour entrer au Parlement. Son adversaire Peter Marki-Zay s’est adressé à ses partisans tard dans la soirée. «Je ne vais pas cacher ma tristesse et ma déception», a-t-il réagi. Combatif malgré tout, il a dénoncé «une lutte inégale face à la propagande, une campagne de haine et de mensonges». Ce maire conservateur de 49 ans avait dénoncé plus tôt «des conditions injustes et impossibles» visant à permettre à son rival de «rester éternellement au pouvoir». Dans la coalition de l’opposition, certains, comme le vice-président du Jobbik, Marto Gyongyosi, ont dénoncé des «irrégularités». Le scrutin s’est tenu pour la première fois sous la surveillance de plus de 200 observateurs internationaux. Chaque camp avait aussi déployé des milliers de bénévoles. Le conflit en Ukraine voisine, qui a fait irruption en pleine campagne, a totalement bousculé la donne. Orban s’est posé en «protecteur» de la Hongrie, en garant de paix et de stabilité, refusant de livrer des armes à l’Ukraine et d’envisager des sanctions qui priveraient les Hongrois des précieux pétrole et gaz russes. Parallèlement, sur les affiches électorales et dans les médias pro-Orban, Peter Marki-Zay a été dépeint comme «dangereux», accusé de vouloir précipiter le pays dans la guerre du fait de son ferme soutien à l’Ukraine. Le candidat a eu beau souligner la proximité cultivée depuis 2010 par Viktor Orban avec le président russe, le traitant de «Poutine hongrois», son discours n’a visiblement pas convaincu les électeurs. Viktor Orban a brandi son succès inattendu comme une revanche sur ses «nombreux adversaires», citant «les bureaucrates de Bruxelles, les médias internationaux ou encore le président ukrainien». Volodymyr Zelensky avait directement ciblé le dirigeant hongrois pour sa volonté de rester en dehors du conflit. Ainsi, alors que les bureaucrates de Bruxelles continuent de harceler Viktor Orban et alors que plusieurs dirigeants européens n’hésitent pas parfois à remettre en cause la légitimité du président, le peuple hongrois a démontré une fois encore que lui seul a vocation à choisir ses dirigeants, peu importe les réticences et les menaces des instances européennes. Toutefois, ce vote ne changera pas grand-chose aux projets de sanctions qui visent la Hongrie, alors même qu’elle porte aujourd’hui avec la Pologne, toute aussi honnie par Bruxelles, un lourd tribut en accueillant provisoirement des centaines de milliers de réfugiés ukrainiens.

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