La campagne pour la présidentielle américaine de 2024 est lancée, et cela à l’initiative de Donald Trump qui tout récemment a fait l’un à la suite de l’autre deux déplacements, le premier dans le New Hampshire, le second en Caroline du Sud, deux Etats qui traditionnellement figurent parmi les tout premiers à organiser des primaires, tant du côté républicain que du côté démocrate. Toutefois, Trump n’a pas attendu ces derniers jours pour déclarer sa candidature, qui elle remonte à novembre de l’année dernière, une semaine à peine après la tenue des élections de mi-mandat, dont les résultats n’avaient pas été ceux que lui et son camp espéraient. On sait par ailleurs que Joe Biden a changé le calendrier des primaires démocrates, de façon à ce qu’elles débutent le moment venu, c’est-à-dire au cours des premières semaines de 2024, en Caroline du Sud. Une modification qui en soi constitue la meilleure preuve de son intention de se représenter, cet Etat, où chez les démocrates domine le vote noir, ayant été le premier à le préférer à Bernie Sanders, son concurrent à l’investiture démocrate lors de la dernière présidentielle.
Il semble d’ailleurs que lui-même se déclarera bientôt, vraisemblablement dans les prochains jours, on dirait pour mettre son camp devant le fait accompli, son âge ne plaidant pas pour sa candidature, bien au contraire. En 2020, Joe Biden avait été le candidat par défaut, choisi moins pour lui-même que pour sa proximité à Barack Obama, dont il avait été le vice-président. En 2024, c’est lui qui s’est choisi, fort de son statut de président, comme le veut la tradition américaine, mais ce à quoi s’opposerait son âge si on devait en tenir compte en premier. Mais si Joe Biden est le candidat de son camp dès l’instant où il se déclare, il n’en est pas nécessairement de même de Trump, qui pourrait avoir des concurrents aux primaires, une hypothèse qui cependant n’est pas la plus forte. Joe Biden est le premier des démocrates parce qu’il se trouve être le président des Etats-Unis. Donald Trump est le premier des républicains bien qu’il ait perdu à la dernière présidentielle, un cas à part dans l’histoire des Etats-Unis. Dans ce pays, on ne reste le chef de son camp que si l’on gagne. Or si Trump a perdu, le fait est qu’il n’a pas reconnu sa défaite. Il l’aurait reconnue, il ne serait pas le chef, et il ne pourrait pas par la suite espérer être à nouveau le candidat de son camp. La majorité des électeurs républicains pensent comme lui, que c’est en fait lui qui avait remporté la présidentielle de 2020, qu’une fraude massive était intervenue contre lui. Ce simple fait, qu’il soit vrai ou faux, devrait trancher en sa faveur la question de savoir sur qui se porterait en fin de compte l’investiture républicaine. Ce ne pourrait être en effet que sur lui, quels que soient par ailleurs ses rivaux aux primaires, dont personne ne semble être un rival sérieux, pas même Ron DeSantis, le gouverneur de Floride triomphalement réélu, qui ne s’est pas encore déclaré, et qui à la fin pourrait ne pas le faire, pour la bonne raison que le candidat de l’establishment républicain est d’ores et déjà Trump. Sa position dans le parti est aujourd’hui l’inverse de celle qu’il occupait en 2016, quand il avait remporté l’investiture envers et contre l’avis des caciques républicains. Ainsi donc, l’on s’achemine aux Etats-Unis vers un nouvel affrontement Biden-Trump, toutefois dans un contexte et avec des enjeux tout différents, à plus forte raison si d’ici l’élection, la guerre en Ukraine n’est pas terminée.