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vendredi 19 avril 2024

Vers la guerre d’usure ?

La guerre en Ukraine bouclera bientôt sa quatrième semaine sans qu’il soit possible maintenant de lui prédire une fin prochaine, comme on y était porté à ces tout premiers jours. Elle peut encore durer un deuxième mois, et peut-être davantage, si toutefois elle n’ira probablement pas jusqu’à s’éterniser, comme ce fut le cas pour l’intervention de l’Otan en Afghanistan, et pour celle de la Russie en Syrie, laquelle néanmoins a sauvé le régime politique en place, après tout son principal objectif. Pour peu qu’on y pense, c’est en Syrie qu’a eu lieu la première confrontation de la Russie avec l’Otan, épreuve de force qui du reste n’est pas terminée, bien qu’elle ait déjà tourné à l’avantage de la Russie. L’irruption de l’Etat islamique dans la région a jeté un voile sur cette réalité première. Elle a fourni le prétexte à l’Otan, drapée pour la circonstance dans le manteau de l’alliance internationale contre le terrorisme, encore que le leader soit le même, les Etats-Unis, de prendre pied en Syrie. Daech a été ravalée dans ce pays depuis 2019, deux années plus tôt en Irak, au rang d’organisation terroriste comme une autre. N’empêche, l’Otan conserve une présence en Syrie, en plus de celle de la Turquie, pour discrète que cette présence soit devenue. La dualité de la guerre en Syrie se retrouve de façon bien plus marquée en Ukraine.

Au premier plan, les hostilités se déroulent entre la Russie, qui a envahi l’Ukraine, et cette dernière, qu’on voit résister de toutes ses forces. Il n’échappe à personne qu’en réalité ce n’est là qu’une apparence, qu’il existe un troisième protagoniste, l’Otan, qui se tient derrière l’Ukraine, pour qui il est d’une importance capitale que d’une part la guerre ne déborde pas sur le voisinage, et de l’autre qu’elle ne puisse jamais être remportée par la Russie. Mais que si la victoire devait malgré tout revenir à celle-ci, que ce soit alors au bout d’une guerre épuisante, qui la viderait non seulement du meilleur de ses forces, mais de toute envie de vouloir recommencer la même expérience ailleurs en Europe dans le prolongement de la première. La guerre d’usure, dont déjà il est question dans les médias occidentaux, est ce qui peut arriver de mieux à l’Otan, et peut-être davantage aux Etats-Unis, plus portés en effet à entrer dans une guerre vers sa fin qu’à ses débuts, quand ses protagonistes sont encore en possession de tous leurs moyens. C’est ce qu’ils ont fait en tout cas en Europe lors des deux guerres mondiales, dans lesquelles ils sont intervenus non pour se battre mais pour s’emparer d’une victoire pour ainsi dire en déshérence, les vainqueurs étant presque aussi épuisés que les vaincus. Lorsque le Premier ministre britannique dit que si par malheur la Russie gagnait la guerre avec l’Ukraine, elle en déclencherait aussitôt une autre dans un autre pays en Europe, il veut bien sûr signifier qu’il faut tout faire pour que cela justement ne se produise pas. Il n’est d’ailleurs pas le seul en Grande-Bretagne qui soit dans ce sentiment. Dans ce pays bien plus que dans tout autre en Europe, la classe politique est en effet dans un état d’excitation très poussé, au bout de ses nerfs, en proie à elle-même, comme s’il s’agissait pour elle de préparer son opinion à une guerre, dont pourtant elle n’arrête pas de dire qu’elle n’est pas la sienne.

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