Il y a quelques mois, des manifestations inédites avaient agité l’île de Cuba, avec des centaines de personnes dans la rue demandant moins d’injustice et plus de liberté. Aujourd’hui, en réponse, plusieurs de ces manifestants ont été condamnés à de très lourdes peines de prison par la justice cubaine. Les États-Unis ont donc dénoncé jeudi les procès «politiques» à Cuba, dans lesquels des peines sévères auraient été requises, contre plus de 90 manifestants qui ont pris part, en juillet, au mouvement de protestation le plus important depuis la révolution de 1959. «Depuis le 13 décembre, le régime cubain a jugé plus de 90 manifestants du #11J à travers Cuba», a tweeté le secrétaire d’État américain adjoint chargé des Amériques, Brian Nichols, partageant un hashtag en référence à la date d’une des manifestations, le 11 juillet. «Le monde constate l’ampleur de ces injustices», a-t-il ajouté, évoquant des peines requises «allant jusqu’à 25 ans, de fausses accusations pour museler, et des conditions d’emprisonnement atroces pour des manifestants pacifiques». Selon un porte-parole de la diplomatie américaine, Brian Nichols entend «souligner le maintien en détention de centaines de manifestants pacifiques», ainsi que «les procès politiques organisés par le régime cubain». «Ces procès simultanés à travers l’île sont un affront aux droits humains des Cubains et à leurs demandes pour plus de liberté», a-t-il ajouté. «Les procureurs cubains ont créé de toutes pièces des accusations fausses ou injustes pour museler les dissidents, tuer dans l’œuf de futures manifestations et intimider les voix critiques», a insisté ce porte-parole. Selon lui, le gouvernement cubain semble vouloir profiter des fêtes de fin d’année pour «attirer moins d’attention» car des verdicts pourraient être prononcés «entre aujourd’hui et le jour de l’an». L’île dirigée par un pouvoir communiste a été secouée en juillet, et notamment le 11 de ce mois, par de vastes manifestations spontanées, inédites depuis la révolution de 1959. Selon l’ONG Cubalex, 1 270 personnes avaient été initialement arrêtées lors de ces rassemblements historiques qui ont fait un mort et des dizaines de blessés. Le 16 novembre, la plateforme d’opposition Cuba Decide avait dénoncé l’arrestation de plus de 100 personnes et l’assignation à résidence d’une centaine d’activistes pour les empêcher, selon eux, de participer à de nouvelles manifestations. La Havane a accusé Washington d’orchestrer ces manifestations. Mais quelles que soient les raisons de ces manifestations, les protestataires qui sont sortis pacifiquement dans les rues en juillet pour demander des changements de la part de leurs dirigeants se voient aujourd’hui condamner à des décennies d’emprisonnement. Que Washington ait orchestré ou non ces protestations, il n’en reste pas moins qu’il est évident que les peines prononcées dans ce dossier servent de menaces pour le reste de la population. Les Cubains, voyant en effet les peines ahurissantes auxquelles sont condamnés les manifestants, réfléchiront probablement à deux fois avant d’aller faire valoir leurs droits dans les rues.