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jeudi 28 mars 2024

Venezuela, élections réussies malgré le blocus

Les élections régionales et municipales du 21 novembre au Venezuela constituent sûrement un tournant dans la crise que traverse le pays de Hugo Chavez. A cela au moins deux bonnes raisons : d’une part parce qu’elles se sont tenues avec la participation de l’ensemble des partis, la coalition emmenée par Juan Guaido, la plus importante d’ailleurs dans les rangs de l’opposition, ce qui n’est pas arrivé depuis la présidentielle de 2018. Et de l’autre, parce qu’elles se sont déroulées dans des conditions de transparence constatées par les observateurs étrangers, venus en nombre pour les surveiller. Pas un incident n’a été rapporté dans aucun des 23 Etats disputés. Le parti chaviste au pouvoir en a remporté 20, outre la municipalité de Caracas, et l’opposition 3, en recul par rapport aux élections régionales de 2017, où elle en avait remporté 4. La participation a fait un bon de 10 points par rapport aux législatives de décembre 2020, boycottées par l’opposition, alors dans sa majorité sur la ligne putschiste défendue par Juan Guaido, le «fake president» comme il est appelé dans les milieux chavistes. Voilà déjà bien des sujets de satisfaction pour le président Maduro et son camp.

Or ce n’est pas tout. Il faut ajouter le plus important dans le contexte d’un pays en butte à une guerre économique de la part des Etats-Unis et de l’Union européenne, pour qui le président légitime est toujours Juan Guaido, c’est l’absence de contestation des résultats de la part de l’opposition anti-chaviste la plus radicale. Une élection dont les perdants ne songent pas à en contester la régularité, c’est probablement la meilleure des solutions à une crise politique, aussi irrémédiable qu’elle ait pu sembler auparavant. Il n’empêche, cela est assez dans l’ordre des choses dans un pays comme le Venezuela, où la polarisation politique est constante, mais où l’urne n’en est pas moins fiable. La logique voudrait le contraire, que là où la division politique est la règle, les élections sont plus contestées qu’ailleurs. Cela dit, le parti au pouvoir en l’occurrence, le Parti socialiste unifié, et son opposition de droite, ne sont pas allés directement à ces élections. Ils ont passé un deal auparavant, aux termes duquel ils ont en particulier convenu de s’en remettre à nouveau aux électeurs pour les départager, seul moyen également de faire tomber les sanctions économiques qui frappent durement leurs compatriotes depuis maintenant plusieurs années. A priori si une opposition se décide librement à s’engager dans la voie pacifique, ses appuis extérieurs ne peuvent qu’en prendre acte, et lever sans plus tarder les sanctions qu’elles ont imposées pour forcer la main du pouvoir en place. Les Etats-Unis et l’Union européenne n’ont plus de raison de maintenir le blocus économique. Il ne semble pas qu’ils soient dans une disposition de ce genre. S’ils n’ont pas déconseillé à l’opposition de prendre part aux élections, on ne peut dire non plus qu’ils l’aient poussée dans cette direction. Pour eux, le président du Venezuela reste Juan Guaido. Il ne leur sera pas facile de se déjuger sur ce point précis. Une cinquantaine de pays sont empêtrés dans cette absurdité sans nom consistant à reconnaître pour président d’un pays étranger quelqu’un à qui son propre camp ne donne plus ce titre usurpé. Pourtant il faudra bien qu’ils en sortent.

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