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vendredi 29 mars 2024

Veillée d’armes

A la veille d’une contre-offensive dont on s’accorde à dire qu’elle sera décisive, et à laquelle les Ukrainiens et leurs alliés de l’Otan se préparent depuis des mois, il est clair que nulle perspective de paix n’est même envisageable tant qu’elle n’aura pas eu lieu. Parti en Chine entre autres pour demander à Xi Jinping d’user de son influence auprès de Vladimir Poutine en vue d’une désescalade, Emmanuel Macron en est revenu convaincu que l’heure décidément ne peut pas être à la fois à l’offensive et à la négociation. Pour que celle-ci se substitue à celle-là, il faut attendre que la première se déploie et qu’elle se termine. Puis selon qu’elle est couronnée de succès ou qu’elle rencontre l’échec, une solution pacifique peut s’ensuivre qui nécessairement en dépendra. La paix, sur quoi débouche toute guerre, ne sera pas la même suivant que celle-ci est gagnée ou perdue. A la visite du président français à Pékin a fait suite celle du président brésilien Lula da Silva qui lui aussi voulait parler avec son homologue chinois de la paix à faire advenir dans les meilleurs délais en Ukraine. Macron n’avait pas de plan de paix, Lula si.

Il s’agirait de convaincre les Russes de rendre à l’Ukraine les quatre régions annexées l’année dernière, et les Ukrainiens d’accepter que la Crimée fasse à jamais partie de la Russie. Les Chinois eux-mêmes n’avaient rien proposé d’aussi précis, s’étant contentés de formuler les principes sur lesquels des pourparlers pouvaient s’engager. Bien vite d’ailleurs les Chinois ont compris que l’heure n’était absolument pas à la négociation, mais à la bataille décisive, que rien n’était possible avant que celle-ci se produise et se termine. On aura remarqué que depuis des mois il n’est question que de la contre-offensive ukrainienne, en aucune façon d’une riposte russe, ni après elle ni en même temps qu’elle. Les fuites du Pentagone ont montré que les Américains suivaient de près les développements du conflit. Pour autant, ils n’avaient pas l’air de beaucoup se préoccuper de la réaction russe, considérant sans doute qu’elle ne serait du début à la fin que défensive. Dans le pire des scénarios, de leur point de vue, à ce qu’il semble en tout cas, la contre-offensive échoue, mais avec pour seule conséquence alors le retour à la situation prévalant avant son lancement, à celle d’aujourd’hui autrement dit. Si elle réussit, ce à quoi ils travaillent d’arrache-pied avec l’ensemble de leurs alliés, les conséquences en seront terribles pour la Russie. Mais si elle échoue, ce serait pour l’essentiel comme si rien ne s’était passé. Voilà qui n’est pas réaliste. Si la Russie perd beaucoup dans le cas où elle ne parvient pas à repousser l’assaut ukrainien, logiquement elle doit gagner beaucoup si au contraire elle la repousse. Pertes dans un cas et gains dans l’autre devraient pour l’essentiel s’équilibrer. Les Ukrainiens seraient peut-être moins enclins à contre-attaquer s’ils tenaient compte des contrecoups d’un échec. L’Ukraine est aujourd’hui un pays qui dépend entièrement de ses alliés occidentaux, en armes aussi bien qu’en vivres. On peut douter dans ces conditions qu’il soit libre de décider relativement à la contre-offensive, sinon peut-être du moment de son déclenchement. Son président a toujours refusé d’abandonner Bakhmout pour se consacrer entièrement à cette entreprise déterminante pour la suite des événements, comme lui demandaient les Américains. On peut penser qu’il a tiré en longueur la bataille de Bakhmout moins dans l’attente des beaux jours que dans l’espoir de se dérober à l’heure de vérité.

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