Près d’une centaine de stations-service de Naftal seront équipées de bornes de rechargement de véhicules électriques d’ici à la fin de l’année en cours, a indiqué un responsable au sein de cette entreprise publique de distribution des produits pétroliers.
Par Yanis H./APS
Selon le premier conseiller du P-DG de Naftal, Adel Bentoumi, au moins une station-service dans chacune des 58 wilayas sera équipée d’une borne de rechargement électrique, en plus des stations autoroutières (autoroute Est-Ouest), au nombre de 32, avec un nombre plus élevé dans les wilayas où le parc automobile est plus important.
Naftal va démarrer cette opération par un projet pilote avec une première borne de rechargement déjà installée au niveau de station-service de Chéraga (ouest d’Alger).
Cette borne, qui a été produite en Algérie par le groupe privé Amimer Energie, permet le rechargement complet de la batterie en 1 heure et 5 minutes pour un véhicule dont l’autonomie est de 400 km, a précisé M. Bentoumi, soulignant que certaines bornes de rechargement peuvent charger complètement la batterie de cette catégorie de véhicules en 40 à 45 minutes.
Naftal a lancé une pré-qualification pour établir une short-liste des éventuels partenaires et attend un retour de la part des candidats intéressés, a ajouté le responsable qui a estimé que l’entreprise aura besoin de plusieurs fournisseurs pour bâtir son réseau.
Par la suite, la société nationale lancera l’acquisition et l’installation des bornes de rechargement électrique au niveau de son réseau en équipant au minimum une station par wilaya et en prévoyant d’installer des bornes de recharge ultra-rapides dans les stations autoroutières.
De son côté, le président du secrétariat des comités en charges des activités de construction et des concessionnaires de véhicules neufs, Mohamed Djebili, n’a pas écarté la possibilité que le ministère de tutelle inclue la fabrication des bornes de rechargement électrique dans le régime préférentiel exonérant les opérateurs qui se lanceront dans cette activité des droits et taxes, une fois les véhicules électriques vulgarisés et la demande sur les bornes de rechargement plus importante.
Pour sa part, le fondateur du site algérien spécialisé en automobile «DZMOTION», Sofiane Barkat, a évoqué «la nécessité de tisser un réseau dense de bornes de rechargement électrique si l’on veut encourager les citoyens algériens à acquérir des véhicules électriques».
«Faute d’installation de bornes de rechargement à des intervalles réguliers et rapprochés, les conducteurs ne s’aventureront pas à effectuer de longs trajets au volant de leurs véhicules électriques, faisant de ce type de véhicules des voitures de ville, ce qui n’est pas le but recherché», a-t-il argué.
La maintenance et la réparation maîtrisables en Algérie
La maintenance des véhicules électriques, considérée par de nombreux Algériens comme un frein à l’acquisition de ce genre de moyen de locomotion, ne constituera pas un problème de l’avis des experts du domaine de l’automobile, notamment des professionnels de l’entretien des véhicules.
C’est ce qu’a affirmé à l’APS le directeur général de Speedy Algérie, Khaled Djema, qui a assuré que la maintenance d’un véhicule électrique ne sera pas plus compliquée que celle d’un véhicule à moteur thermique, mais plutôt plus «sophistiquée», vu qu’il y aura plus d’électronique et d’informatique dans le véhicule électrique.
M. Djema n’a pas écarté, toutefois, l’éventualité d’éprouver des difficultés, au début, du fait que ce soit quelque chose de nouveau, notamment en termes de technologie, chose qui nécessite de se préparer, surtout en matière de formation, mais aussi d’outillage. Ainsi, il a insisté sur le fait que les concessionnaires devront s’équiper pour assurer le service après-vente de leurs véhicules électriques.
Comme pour rassurer davantage les futurs utilisateurs de véhicules électriques, le responsable de Speedy Algérie a donné l’exemple des téléviseurs en couleurs ou des smartphones qui avaient suscité des appréhensions avant d’être vite adoptés et même privilégiés par les consommateurs.
M. Djema a fait savoir que Speedy Algérie a lancé des investissements en matière d’outils de diagnostic, pour répondre au mieux à l’évolution électronique et informatique des véhicules électriques, ajoutant que le groupe international qu’il représente a déployé en Algérie six centres jusqu’à maintenant, et compte en ouvrir une dizaine d’autres qui seront équipés pour assurer l’entretien et la maintenance des véhicules électriques.
Le gérant de cette chaîne de centres de maintenance de véhicules multimarques a expliqué que les véhicules électriques exigent de nouvelles prestations en termes de maintenance dominées par le changement de pièces et de consommables électroniques et électriques, alors que les prestations classiques telles que le changement des lubrifiants (huiles), des filtres (filtre à huile, filtre à essence et à gasoil) disparaîtront sur ce genre de véhicules.
M. Djema a souligné également que les utilisateurs de véhicules électriques seront appelés à changer plus fréquemment certains consommables, à l’instar des plaquettes de frein qui sont davantage sollicitées sur un véhicule électrique que sur un véhicule thermique qui peut s’appuyer sur le frein moteur pour éviter d’user ses plaquettes de frein.
Pour sa part, le fondateur du site algérien spécialisé en automobile «DZMOTION» et ingénieur et professeur en génie mécanique, Sofiane Barkat, ne conçoit pas que le service après-vente puisse constituer une contrainte à l’acquisition d’un véhicule électrique.
M. Barkat a estimé que, contrairement aux idées reçues, un moteur électrique sera plus facile à réparer qu’un moteur thermique, tout en offrant une durée de vie plus longue et des pannes moins fréquentes, grâce aux composants simples qu’il intègre.
Il a considéré, ainsi, que la technologie utilisée dans les véhicules électriques est maîtrisée par les Algériens, la qualifiant de «toute simple» puisqu’il s’agit, selon lui, d’électronique de base.
De son côté, le président du secrétariat des comités en charges des activités de construction et des concessionnaires de véhicules neufs, Mohamed Djebili, a relevé que les concessionnaires seront tenus, selon le cahier des charges qui réglemente leur activité, de former leurs employés, assurant le service après-vente en bénéficiant du transfert de technologie de leur constructeur concédant, notamment en ce qui concerne les véhicules électriques.
45 % des automobilistes algériens prêts à acquérir des voitures électriques
Une étude de marché réalisée à l’échelle nationale par l’Entreprise de distribution des produits pétroliers Naftal a révélé que 45 % des automobilistes algériens veulent acquérir un véhicule électrique.
«Cette étude est assez représentative et fait état que 78 % des automobilistes algériens interrogés dans le cadre de cette étude connaissent ce qui est un véhicule électrique», a indiqué à l’APS un responsable de l’entreprise.
«Au moment où 66 % des automobilistes interrogés sont prêts à utiliser, immédiatement ou à court terme, un véhicule électrique, 45 % d’entre eux veulent acquérir un véhicule électrique, alors que 24 % restent indécis», selon le premier conseiller du P-DG de Naftal, Adel Bentoumi, se référant aux résultats de l’étude.
Evoquant les quatre freins ou obstacles devant l’émergence des véhicules électriques, soulevés par les automobilistes indécis, il a cité l’absence d’expérience dans l’entretien et la réparation de ce type de véhicules (31 %), suivie par l’absence des bornes de rechargement rapide (30 %), le prix des véhicules électriques comparé aux véhicules thermiques (22 %) et enfin la crainte d’absence de pièces de rechange (18 %).
De l’avis du président du secrétariat des comités en charges des activités de construction et des concessionnaires de véhicules neufs, Mohamed Djebili, les véhicules électriques se sont imposés à travers le monde comme de nouveaux moyens de locomotion, et l’Algérie doit suivre cette avancée technologique et cette nouvelle tendance. C’est ce qui explique, selon lui, que le ministère de l’Industrie ait, lors de la préparation du cahier des charges, jugé important d’obliger les concessionnaires à importer des véhicules électriques, au moins pour que ce type de véhicule pénètre le marché algérien
M. Djebili a précisé que pour ne pas pénaliser les concessionnaires en les obligeant à importer des véhicules électriques qu’ils pourraient ne pas pouvoir vendre sur le marché, le ministère a modifié le décret exécutif 21-175, modifiant le décret 20-227 concernant l’activité de concessionnaire de véhicules neufs, de telle sorte que «le concessionnaire est tenu de répondre à toute demande d’acquisition d’un véhicule électrique à hauteur de 15 % de ses importations globales annuelles».
Au-delà de ce taux, il est libre d’honorer la commande ou pas, a-t-il ajouté.
D’autre part, M. Djebili a souligné que si un constructeur décide de s’installer en Algérie, il pourra tout aussi bien fabriquer des véhicules thermiques
qu’électriques, estimant, au passage, que les constructeurs ont tout intérêt à inclure dans leur gamme fabriquée localement des véhicules électriques.
Pour ce qui est de 15 % de véhicules électriques dans le volume de ventes des concessionnaires, le fondateur du site algérien spécialisé en automobile «DZMOTION» et ingénieur et professeur en génie mécanique, Sofiane Barkat, a considéré que cette mesure est un bonne chose.
Il a estimé, toutefois, qu’il est nécessaire de motiver les Algériens avec des mesures incitatives, sur le plan financier, pour les amener à acheter un véhicule électrique, et ne pas se contenter de l’argument de la protection de l’environnement.
M. Barkat a avancé que si les incitations financières font que le prix des véhicules électriques s’aligne sur celui des véhicules à moteur thermique, le citoyen algérien achètera ce type de véhicule, surtout que le plein de carburant lui reviendra trois fois plus cher que la recharge de la batterie de son véhicule électrique.
Y. H./APS