Si en France la droite est accusée depuis plusieurs semaines par l’opposition de faire le jeu de la majorité en votant sans réserve le texte avancé par le gouvernement sur la réforme des retraites, il semblerait qu’au sein des Républicains la situation ne soit pas aussi simple, et des voix s’élèvent aussi pour critiquer le texte gouvernemental. Mais la direction des LR se montre aujourd’hui intransigeante avec ceux qui émettent des réserves sur le projet de loi controversé. Gérard Larcher, président du Sénat et sénateur LR des Yvelines, appelle ainsi sa famille politique à voter la réforme des retraites, alors que le bras de fer se poursuit à l’Assemblée Nationale au lendemain de la troisième journée de mobilisation contre le projet de loi. «Ce n’est jamais populaire une réforme des retraites, mais c’est nécessaire pour préserver un des piliers de notre modèle social, le système de retraites par répartition», défend le sénateur. En ligne de mire, le député LR Aurélien Pradié qui s’est montré particulièrement virulent contre le projet de loi du gouvernement ces derniers jours, réclamant une dérogation au report de l’âge légal de la retraite à 64 ans pour toutes les carrières longues. Gérard Larcher lui adresse un rappel à l’ordre : «Il appartient à une famille politique qui a défini un certain nombre de valeurs, le travail, la solidarité intergénérationnelle, la maîtrise des comptes publics (…) s’il se sent vraiment de notre famille politique, il doit, à un moment, prendre la décision de voter la loi». «Je souhaite que LR vote ce que LR et les centristes au Sénat proposent depuis quatre années, enrichi par les amendements des débats, par les propositions du gouvernement, dont certaines peuvent être encore amendées», poursuit Gérard Larcher. Le président du Sénat estime que le projet de loi actuel coïncide avec ce que réclame la majorité sénatoriale : «64 ans, en passage progressif, 43 annuités de cotisation, une préoccupation sur les carrières longues, la question des séniors et la préoccupation sur la pénibilité». Face à l’absence de majorité absolue pour le gouvernement à l’Assemblée, Gérard Larcher voit «une chance pour le parlementarisme de retrouver de la force». «Le Parlement est fait pour débattre, pour s’opposer, pour voter», poursuit-il tout en dénonçant l’obstruction. «L’obstruction n’est pas une méthode parlementaire qui permette d’avancer», considère le président du Sénat. Selon lui, «le rôle du Parlement c’est de traduire, dans les débats et dans les votes, ce qui est porté par celles et ceux qui ont élu leurs représentants, directement ou indirectement». D’ailleurs, parmi Les Républicains, Larcher n’est pas le seul à faire des remontrances à Pradié. Julien Aubert, vice-président LR et Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, se sont, entre autres, également montrés critique vis-à-vis de leur collègue et de sa réticence à voter une loi qui, pensent-ils, peut-être leur permettra de redorer leur blason aux yeux de leur électorat qui les a délaissés à l’occasion de la dernière élection présidentielle. Reste à voir si cette stratégie sera gagnante et surtout si cette alliance avec le parti présidentiel, Renaissance, ne permettra pas surtout à la majorité de mieux séduire les militants libéraux de droite qui avaient jusqu’ici maintenu leur loyauté pour l’ancien RPR/UMP devenu LR en 2017.