Depuis plusieurs semaines les élus de La République En Marche, les élus Républicains, et les élus de gauche, tirent tous azimuts sur le Rassemblement National et La France Insoumise, accusant ces deux mouvements de propager de fausses rumeurs sur les vaccins contre le Covid-19 et d’affaiblir la stratégie gouvernementale de sensibilisation face à l’urgence d’une vaccination massive de la population française pour espérer sortir le pays de la crise sanitaire qui le dévaste depuis près d’une année maintenant. Toutefois, si Jean-Luc Mélenchon, dirigeant de LFI, émet effectivement de fortes réserves vis-à-vis des vaccins contre le Covid-19, Marine Le Pen a, elle, radicalement révisé son discours et adopte une attitude bien différente. En effet, la présidente du Rassemblement National s’est dite cette semaine, en marge d’un déplacement au Portugal, «prête à se faire vacciner» contre le Covid-19 quand ce sera son tour, alors que ses sympathisants sont parmi les plus réticents à vouloir le faire. «Je serais prête à me faire vacciner, mais je ne suis pas prioritaire», a déclaré sur RFI Marine Le Pen, en marge d’un déplacement pour soutenir un petit allié candidat à la présidentielle portugaise, André Ventura, patron de Chega. «J’ai dit en décembre que je ne me ferai pas vacciner tant que mon médecin n’aura pas reçu les études du vaccin. (…) Aujourd’hui on a les études», a justifié la candidate à la présidentielle. Selon un sondage Ifop réalisé début décembre, 61 % des Français n’avaient pas l’intention de se vacciner contre le Covid-19 et 80 % des sympathisants RN. Début janvier, selon le même institut, les Français étaient désormais 49 % à ne pas avoir l’intention de se vacciner, mais avec une réticence encore à 72 % chez les sympathisants RN. La dirigeante d’extrême droite a toutefois précisé samedi qu’elle «préférait, si (elle a) le choix, avoir affaire à un vaccin traditionnel», fabriqué à partir de virus inactivés (polio, grippe), atténué (rougeole, fièvre jaune), ou tout simplement de protéines appelées antigènes, plutôt qu’à un vaccin ARN messager, c’est-à-dire à base d’informations génétiques. Marine Le Pen a aussi souligné que les «personnes âgées, qui sont effectivement fragiles, (devaient) se faire vacciner le plus rapidement possible pour éviter précisément de subir la forme grave du virus». Si elle se fait vacciner, la cheffe du RN laisse toutefois les Français «libres» de le faire ou non, et ne veut surtout pas de vaccination obligatoire, une option écartée par le gouvernement. Ainsi, Marine Le Pen change son fusil d’épaule et adopte un nouveau discours que ses adversaires auront plus de mal à attaquer. Reste que beaucoup de ses partisans sont encore dans une position très hostile aux vaccins contre le Covid-19 et que cela sera imputé à la patronne du parti de droite radicale quelle que soit la position de cette dernière sur la question.