Les mois passent et l’Iran et les États-Unis sont incapables de négocier un moyen de remettre en place l’accord sur le nucléaire iranien, tel qu’il avait été mis en place par Barack Obama, dont Joe Biden a pourtant été le vice-président durant la totalité de ses deux mandats à la Maison-Blanche. Aujourd’hui, bien loin de chercher à dialoguer, les États-Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume Uni, ont exprimé samedi leur «inquiétude vive et croissante» face aux activités nucléaires de l’Iran, appelant à ce que Téhéran «change de cap» pour sauver l’accord de Vienne. Les présidents, américain Joe Biden et français Emmanuel Macron, ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson, se sont réunis samedi après-midi pour en discuter en marge d’un sommet du G20 à Rome. «Nous avons exprimé notre détermination à faire en sorte que l’Iran ne puisse jamais fabriquer ou acquérir une arme nucléaire, ainsi que notre inquiétude vive et croissante face au rythme accéléré des mesures provocatrices prises par l’Iran dans le domaine nucléaire, telles que la production d’uranium hautement enrichi et d’uranium métal enrichi», ont-ils affirmé dans un communiqué commun à l’issue de cette réunion. Les grandes puissances avaient conclu en 2015 avec la République islamique un accord historique (dit PAGC, Plan d’action global commun), censé l’empêcher de se doter de la bombe atomique. Les Américains avaient unilatéralement quitté l’accord en 2018, sous la présidence de Donald Trump, et rétabli des sanctions contre l’Iran, qui s’est en réponse progressivement affranchi des restrictions imposées à son programme nucléaire. Téhéran s’est cependant dit cette semaine prêt à reprendre en novembre les négociations pour sauver l’accord. «Nous sommes convaincus qu’il reste possible de rapidement parvenir à et mettre en œuvre un accord sur le retour au respect du PAGC, afin de garantir à long terme que le programme nucléaire iranien est exclusivement destiné à des fins pacifiques, et de prévoir une levée des sanctions», indiquent encore les quatre dirigeants occidentaux dans leur communiqué. «Ceci ne sera possible que si l’Iran change de cap», ont-ils toutefois prévenu. «Nous appelons le président Raïssi à saisir cette opportunité et à reprendre un effort de bonne foi pour faire aboutir nos négociations de toute urgence. C’est le seul moyen sûr d’éviter une escalade dangereuse, qui n’est dans l’intérêt d’aucun pays». Un communiqué que l’Iran a rapidement rejeté hier, considérant qu’il ne «collait pas à la réalité» et réaffirmant le caractère pacifique de son programme. La diplomatie iranienne a ainsi récusé ses accusations : «La production d’uranium métal et d’uranium hautement enrichi, comme déjà affirmé par le passé, est faite à des fins pacifiques et à des usages civils», a réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh. «Il convient donc de noter que de telles positions (des Occidentaux) ne collent pas à la réalité et n’apporteront pas de résultats constructifs», a-t-il ajouté devant la presse. L’Iran avait affirmé plus tôt cette année avoir entrepris la recherche d’uranium métal afin de fournir du combustible pour un réacteur nucléaire de recherche, un sujet sensible car cette matière peut être utilisée dans la fabrication d’armes nucléaires. Les Iraniens sont ainsi irrités par les remontrances occidentales, surtout que l’administration Biden ne fait aucun effort apparent pour rétablir le dialogue entre les deux pays ennemis de longue date et qui depuis la sortie des États-Unis du PAGC en 2018 ont retrouvé leur vieille relation belliqueuse que Barack Obama avait mis des années à atténuer. Reste à voir si Biden finira tout de même, comme il l’a promis durant sa campagne présidentielle, à discuter avec Téhéran ou si dans ce dossier comme tant d’autres il continuera à suivre la politique initiée par le tant décrié Donald Trump.