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mardi 16 avril 2024

Une mauvaise nouvelle pour Israël

L’annonce ce vendredi, depuis Pékin, du rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran a surpris tout le monde, à l’exception notable de pays se comptant sur les doigts d’une seule main, mais personne autant que les Israéliens qui d’ailleurs ont du mal à en revenir. Eux du moins qu’ils font l’effet de gens qui s’étaient couchés sur un monde le jeudi pour se réveiller sur un autre tout différend le lendemain, ce vendredi fatidique, ouvrant de grands yeux, puis se les frottant, mais ne s’y reconnaissant toujours pas. Une fois de plus preuve est faite que la diplomatie efficace, celle à même de réaliser de grandes choses, c’est celle dont la règle d’or est de nouer patiemment, inlassablement ses fils dans le secret le moins pénétrable. Les services secrets américains et israéliens, pour ne parler que des plus redoutables pour leur efficacité réelle ou supposée, n’ont rien vu venir en l’occurrence. Nous appelions de nos vœux une autre normalisation, certes plus difficile à obtenir que celles déjà réalisées (avec les Emirats, le Bahreïn, le Maroc, le Soudan, qui elle attend d’être officialisée), mais tout compte fait pas impossible. Et puis est venue la nouvelle : pour ce qui est de normalisation, vous avez vu juste, il y en a bien une à l’ordre du jour.

Que l’une de ses parties prenantes soit l’Arabie saoudite, encore un bon point pour vous ; c’est bien d’elle qu’il s’agit. Là où par contre vous avez faux, et gravement, c’est par rapport à l’identité du deuxième protagoniste, entendu que pour une réconciliation comme pour la guerre, il en faut au moins deux. Or là vous y êtes si peu que c’est votre ennemi juré, l’Iran, qui est concerné. L’Arabie saoudite avait deux possibilités, soit normaliser avec vous, les Israéliens, soit avec les Iraniens. Après avoir hésité et beaucoup réfléchi, elle s’est finalement décidée, et c’est sur votre antithèse que son choix s’est porté. Pour une mauvaise nouvelle, c’en est une en effet. Or ce qui est mauvais pour Israël est nécessairement mauvais pour les Etats-Unis, qui eux non plus n’ont rien vu venir. Ils avaient surveillé pendant quelque temps du côté de l’Irak et d’Oman, où effectivement des représentants iraniens et saoudiens s’étaient rencontrés quelquefois, avec l’objectif d’ailleurs déclaré de renouer leurs relations. Mais l’idée ne les avait même pas effleurés qu’il y avait un troisième intermédiaire, de plus actif et de plus influent, qui supervisait le tout, tout en veillant particulièrement à n’en rien laisser paraître : la Chine, l’adversaire stratégique de l’Amérique, celui qu’elle craint le plus, et contre lequel elle voudrait mobiliser le monde. Le fiasco au plan diplomatique se double d’un fiasco en matière de renseignement. John Kirby s’est fendu vendredi d’une déclaration en filigrane pour une fois d’une parfaite honnêteté : nous savions bien qu’il arrivait qu’Iraniens et Saoudiens se rencontrent et se parlent, ce qu’ils font soit en Irak soit en Oman, nous ignorions en revanche que la Chine était à la manœuvre. Si maintenant des alliés de longue main comme l’Arabie saoudite négocient dans le dos des Américains avec leurs ennemis, de surcroît sous l’égide de leur plus grand adversaire, la Chine, la puissance la mieux placée pour les détrôner un jour, n’est-ce pas le destin exceptionnel des Etats-Unis, leur Destinée Manifeste qui est en jeu ?

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