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jeudi 1 juin 2023

Une majorité pas si écrasante qu’il y paraît

Dans le précédent article sur la guerre en Ukraine, écrit avant le vote sur la motion à l’Assemblée générale de l’ONU déplorant son invasion par la Russie, et enjoignant à  cette dernière de s’en retirer immédiatement, nous écrivions que l’Otan échouait à isoler la Russie, en dépit de toutes les sanctions économiques et autres prises à son encontre par ses membres unanimes. 141 pays ayant approuvé cette condamnation sur les 193 membres que comptent les  Nations unies, et seulement 5 l’ayant rejetée, ce qui pour le moins ne fait pas contrepoids, il semble qu’en l’espèce nous ayons été dans l’erreur, que la Russie s’est en réalité et complètement isolée sur la scène internationale en violant le droit international, ce que nous ne songeons pas à nier. 35 pays, dont le nôtre, en compagnie notamment de la Chine, de l’Inde, de l’Iran, de l’Irak, de l’Afrique du sud et du Vietnam, des pays dont les positions sur les questions internationales sont  souvent identiques aux nôtres, se sont abstenus, c’est-à-dire ont refusé de condamner la Russie. En tout cas, c’est ainsi que l’entendent les occidentaux, qui auraient voulu que le monde entier s’aligne sur eux ; pour obtenir le vote de certains Etats qui comptent dans leur région, comme l’Egypte, ils n’ont pas hésité à s’adresser directement à eux pour leur forcer la main, ce qui suppose évidemment une menace de rétorsion sous-jacente.  C’est ainsi que sans cette pression exercée sur elle, dans son cas en forme d’appel conjoint de l’Union européenne et du G7, l’Egypte aurait probablement fait comme l’Algérie, elle se serait abstenue, une conformément  aux principes de non-alignement dans lesquels elle se reconnaît. Si on met de côté les pays occidentaux, qui eux ont voté à la fois par conviction et par intérêt, beaucoup parmi ceux qui ont fait comme eux  n’avaient en réalité pas le choix. Ils ne pouvaient tout simplement pas se permettre le luxe de la neutralité dans un contexte aussi tendu, avec des Occidentaux qui à coup sûr leur en auraient tenu rigueur. Les 35 pays qui se sont abstenus sont des pays pour qui l’indépendance de la décision est l’impératif catégorique, avec lequel nulle tergiversation n’est possible. Pour autant, il ne faut jeter la pierre à personne, car dans leurs rangs mêmes, il aurait pu s’en trouver qui parce qu’ils passent par de grandes difficultés, économiques par exemple, auraient pu adopter une position qui en l’occurrence ne  serait pas de principe mais de calcul. On dit que 35 pays se sont  abstenus. La vérité est qu’il y en a bien plus,  sans parler des 5 qui pour leur part ont opté purement et simplement pour le non. Il y a eu en effet les 12 qui ont fait plus que s’abstenir, n’ayant même pas voulu prendre part au vote, qui ainsi l’ont autant dire boycotté. Parmi eux, le Maroc, qu’on n’attendait pas forcément là, eu égard à sa réputation de pays pro-occidental. Il est clair que ces 12 non-participants au vote sont à ranger avec les 35 qui se sont abstenus, en aucun cas avec les autres. Au total, 5+35+12 pays ont refusé de condamner la Russie, tout en désapprouvant pour beaucoup d’entre eux ce qu’elle a fait. Ce n’est pas la majorité des Etats membres de l’ONU, soit, mais pour le nombre des populations qu’ils représentent, ils sont sûrement majoritaires. La majorité de l’humanité a refusé  de condamner la Russie, si elle ne l’a pas en entier félicitée pour son invasion de l’Ukraine.

 

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