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mercredi 29 mars 2023

Une hausse des prix passagère mais qui pourrait durer

Au niveau qui est le sien aujourd’hui aux Etats-Unis, un peu plus de 6 %, ce qui n’est pas arrivé depuis longtemps, l’inflation, que des analystes de renom ont cru morte à jamais dès la fin du siècle dernier, en tout cas dans les économies les plus avancées, fait un retour inattendu, même si le sentiment dominant reste qu’elle est juste de passage, qu’elle n’est pas là pour s’installer dans la durée. Dans le groupe des économistes vedettes, Lawrence Summers, l’ancien secrétaire au Trésor dans l’administration de Bill Clinton, est à peu près le seul à croire le contraire. Il est d’autant plus sollicité par les médias aujourd’hui pour leur dispenser ses lumières qu’il avait effectivement mis en garde contre ce retour d’inflation un certain temps avant que l’indice des prix ne se mette à grimper avec constance mois après mois. A-t-il pour autant rendu compte du phénomène de façon convaincante ? Sur ce point le scepticisme est toujours de rigueur. L’idée continue de prévaloir que la hausse actuelle des prix, aux Etats-Unis mais aussi presque partout dans le reste du monde, procède d’une forte reprise de la demande alors que l’offre est encore loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant la pandémie.

Les plans de relance mis en œuvre par les gouvernements occidentaux, pendant 2020 en particulier, en vue d’amoindrir l’inéluctable impact négatif au plan économique de leurs politiques de confinement, ont empêché que des pans entiers de leurs populations basculent dans le chômage et la grande pauvreté. Ils ont permis ce faisant à la demande de se maintenir dans une bonne mesure malgré la baisse d’activité consécutive à la crise sanitaire. Ces plans, pour dispendieux qu’ils soient, n’ont pas étaient à même de faire reprendre à la machine économique son régime d’avant la pandémie dès la sortie des confinements. La hausse des prix, une expression peut-être plus appropriée en l’occurrence que le terme d’inflation, est la conséquence de ce déséquilibre entre offre et demande à l’échelle mondiale. La mondialisation, ou peut-être plus simplement la délocalisation, fait en sorte qu’aucune économie ne peut se rétablir toute seule. La pénurie des semi-conducteurs, l’exemple qui se présente en premier à l’esprit pour décrire l’état réel de l’économie mondiale dans le contexte actuel de pandémie, a forcé au ralentissement, et dans certains cas à l’arrêt pur et simple, des industries appartenant à des secteurs variés. Mais des perturbations affectant en même temps la chaîne de production dans plusieurs domaines, il résulte des hausses de prix, mais pas nécessairement une inflation, qui elle implique une hausse généralisée des prix capable à la fois de s’auto-entretenir et d’empirer. Reste qu’à 6 % de hausse, il devient difficile de faire comme si la priorité restait comme il y a deux ans la lutte contre la pression déflationniste. Pendant plusieurs mois, la Fed, la banque centrale américaine, a néanmoins maintenu le cap, résistant aux pressions des gens comme Lawrence Summers pour qui c’est sa politique d’expansion monétaire elle-même, continue depuis la crise financière de 2008, qui est inflationniste, et qu’il viendra bien un moment où le mal refoulé, rompant ses liens, déboulera sur la scène avec toute sa force destructrice. Si bien que la Fed n’a pu qu’annoncer qu’elle allait réduire progressivement ses achats d’actifs pour s’attaquer à une tension inflationniste qui loin de diminuer avec le temps, comme elle le croyait, s’est accrue au contraire.

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