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vendredi 31 mars 2023

Une consultation ordinaire dans une situation qui ne l’est nullement

A moins de trois mois maintenant d’une échéance plus qu’importante, en vérité fondatrice, à la fois d’un Etat et d’un régime, ce qui est évidemment le cas des élections législatives et de la présidentielle en Libye prévues pour le 24 décembre prochain, les seuls problèmes susceptibles encore de se poser à leur sujet devraient être d’ordre purement technique. Leur organisation est-elle suffisamment avancée pour que les difficultés non encore aplanies le soient à coup sûr avant le jour  » j  » ? Les listes électorales, autre exemple, ont-elles été revues et corrigées, de sorte que nulle contestation de fraude ne vienne le jour d’après jeter la suspicion sur les résultats proclamés ? Les parties prenantes ont-elles convenu d’un code de bonne conduite, et s’y tiennent-elles toujours? Voilà le genre de questions qui devraient se poser aujourd’hui, tant en Libye que partout où cela revêt de l’importance, si près de la date d’une double consultation déterminante pour l’avenir de la Libye. Dans le nombre des élections possibles, celles dont il est en question ici valent quasiment un référendum d’autodétermination.

La différence, car tout de même il y en a une, c’est qu’il ne s’agit pas en l’espèce de répondre par oui ou par un non à une question donnée, mais d’élire des députés et un président de la république, comme dans un pays où la situation serait tout à fait ordinaire. Or la Libye est un pays divisé en deux entités proto-étatiques, autant dire en deux pays, sinon en deux peuples, qui existent séparément depuis maintenant une décennie. Si on voulait faire les choses dans l’ordre, il faudrait demander d’abord aux Libyens de l’est et de l’ouest s’ils veulent se réunir à nouveau sous l’autorité d’un seul Etat, ainsi qu’ils étaient étaient avant l’agression franco-britannique de 2011, qui a coupé leur pays en deux. On pourrait appeler cette consultation un référendum de réunification. Nul doute que le cas échéant leur réponse serait affirmative. Elle les garantirait contre toute entreprise ourdie à l’effet de transformer la division de fait d’aujourd’hui en une division de droit, pour toujours par conséquent. La vraie menace qui pèse sur la Libye depuis une décennie, ce n’est pas la guerre civile, mais la séparation, la bipartition, à la suite d’un processus dépassant la volonté des acteurs. Il ne serait même pas faux de dire que si les armes se sont tues depuis maintenant une année, c’est parce qu’aucune des deux parties n’a plus envie ni même intérêt à conquérir l’autre, étape intermédiaire avant la réunification. Tobrouk a effectivement cherché à s’emparer militairement de Tripoli, mais il a échoué. Tripoli lui n’a même pas essayé de prendre Tobrouk. Là où les armes ont échoué, les élections pourront-elles réussir ? Oui, peut-être. Mais encore faut-il d’une part qu’elles se tiennent, et de l’autre que ses résultats soient admis par ceux qui les auront perdues. A trois mois de la date fixée par la communauté internationale pour leur organisation, on n’est encore assuré ni de l’un ni de l’autre. On est même à peu près certain qu’elles ne pourront pas avoir lieu, les deux proto-Etats rivaux ne s’entendant toujours à peu près sur rien à leur propos. Leurs représentants réunis, il y a deux jours, dans la capitale marocaine sous l’égide des Nations unies pour raccorder leurs violons si près maintenant de l’échéance, se sont séparés en appelant la communauté internationale à continuer de leur apporter son soutien. A se demander si en cela ils sont sérieux, ou s’ils font de l’humour.

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