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mardi 19 mars 2024

Pas de répit non plus sur le front économique

Au moment où l’armée russe se retirait de la ville de Kherson, il y a de cela moins d’un mois, des gens optimistes ont cru voir là un geste de désescalade de la part de Moscou, lequel serait naturellement suivi par d’autres, alternativement du même bord et du bord opposé, constituant dans l’ensemble un processus qui laisserait bientôt entrevoir la fin de cette terrible guerre en Ukraine. Seulement il n’a pas fallu attendre longtemps pour que cette perspective agréable en elle-même soit démentie par le cours des événements. On sait maintenant que ce n’était pas pour favoriser le retour à la paix que les Russes avaient abandonné la rive droite du Dniepr, mais bien pour des motifs militaires, ainsi qu’ils l’avaient dit. Puis sont venus, d’abord la réunion de l’Otan à Bucarest, ou plutôt ses conclusions belliqueuses, ensuite le plafonnement du baril de pétrole russe à 60 dollars, coup sur coup par l’Union européenne et le G7, autant de clarifications qui font tomber les derniers doutes qu’on pouvait encore avoir à cet égard. Non pas tant d’ailleurs parce que ces mesures de durcissement venaient à contre-courant des réalités du terrain que parce qu’elles semblaient être le résultat d’une négociation, plus exactement d’un début de négociation, qui avait mal tourné.

Le meilleur indice à cela, ce sont les conseils attribués aux Américains à l’adresse des Ukrainiens, aux termes desquels il ne serait pas dans leur intérêt de conditionner la négociation avec les Russes à leur retrait de tous les territoires ukrainiens qu’ils occupent, ni non plus de formuler des demandes irréalistes, c’est-à-dire inacceptables pour les Russes. Même l’autre acte de nature à ajouter de l’huile sur le feu, qu’est évidemment le plafonnement par les Européens notamment du prix du pétrole russe transporté par voie maritime, n’est pas somme toute tellement en contradiction à ce qui se pratique déjà sur le terrain commercial. Du fait des sanctions occidentales, le pétrole russe se vendait déjà sur le marché mondial, c’est-à-dire pour l’essentiel sur le marché asiatique, à un prix inférieur à celui des autres pays exportateurs. Parce que justement il était cédé avec un important rabais, il s’en écoulait davantage qu’avant la guerre, ce qui compensait largement le manque à gagner consécutif à un prix plus faible. Des entreprises chinoises et asiatiques s’en procuraient non pas à des fins de consommation interne mais pour le revendre, sous forme en particulier de carburants, à ces mêmes pays européens ayant mis l’embargo sur lui. Si en raison du plafonnement, sa demande s’en trouve accrue, ce ne sera pas à contre-courant mais en droit de fil de ce qui se produit déjà. C’est d’ailleurs ce qui semble être arrivé au mois de novembre, malgré la baisse de deux millions de barils voulue par l’Opep+. Hasard du calendrier ou coïncidence étudiée, le cartel a débuté hier une réunion régulière, à l’effet de se déterminer sur le niveau de production au regard de l’état du marché. Si c’est une baisse qui était décidée, ce ne serait peut-être pas pour déplaire aux Russes, d’une part parce qu’elle se traduirait probablement par une inflation plus grande en Occident, et de l’autre parce qu’elle rendrait son pétrole encore plus compétitif. Embargo et plafonnement conjuguent leurs effets, quel que soit le sens dans lequel ils abondent, favorable ou non à l’économie russe. En l’espèce, ce serait plutôt en sa faveur, à l’opposé du calcul européen.

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