12.9 C
Alger
vendredi 19 avril 2024

Une année de guerre se terminant sur le retour de l’initiative à la Russie

A moins maintenant d’une semaine du 24 février, premier anniversaire de la guerre en Ukraine, le groupe Wagner annonce une nouvelle petite progression vers le centre de Bakhmout, dont il cherche mais en vain à s’emparer depuis des mois. L’impression est cependant fausse qui laisse penser que les combats ne concernent que cette portion d’un front qui lui s’étend sur plus d’un millier de kilomètres. En réalité, les forces russes sont à l’offensive sur plusieurs points à la fois, sans compter leurs tirs d’artillerie incessants tombant dans la profondeur du territoire ukrainien, auxquels n’échappent que peu de villes et de régions. Aujourd’hui, personne ne met en doute le fait que l’initiative n’appartient qu’au camp russe, et qu’à l’inverse les Ukrainiens sont aculés à la défensive, occupés à défendre leurs positions avec beaucoup de pugnacité et non sans succès, autrement ils auraient été déjà submergés, un deuxième fait qu’on ne songe pas non plus à contester. Les forces ukrainiennes manquent d’armes, en tout cas de celles qui leur permettraient de renouer avec l’offensive, mais davantage encore de munitions de tous calibres, ce qui est bien plus handicapant.

Or ce manque de munitions est durable. Il a fallu attendre une année de guerre pour qu’il apparaisse pour ce qu’il est : une donnée de terrain avec laquelle il faut compter pendant encore longtemps. Des munitions, l’Ukraine n’en produit plus. Toutes celles qui sont utilisées par ses soldats lui viennent de ses alliés. Or tous ceux-là réunis n’en produisent pas les quantités dont ils ont besoin pour repousser les assauts recommencés de l’ennemi. Cette pénurie est structurelle, ce qui ne veut pas dire qu’elle est irrémédiable. Et elle est générale, en ce sens qu’elle concerne tous ses alliés, c’est-à-dire les 30 pays membres de l’Otan, et les 20 autres, qui récemment se sont réunis aux premiers à Bruxelles, avec entre autres questions à l’ordre du jour, celle du manque de munitions justement. Pour qu’elle soit réglée, il ne faut rien moins qu’une réorganisation des économies de ces pays, sinon de tous, du moins de ceux dont l’appareil industriel tient encore, et qui sont déterminés à aller jusqu’au bout dans cette guerre par procuration contre la Russie. A vrai dire, l’actuelle conférence de Munich sur la sécurité a surtout pour intérêt de permettre de distinguer ceux des alliés de l’Ukraine qui ne la laisseront pas tomber quoi qu’il leur en coûte, et ceux pour qui il y aura un avenir si la victoire doit aller à la Russie. Depuis le début de la guerre, on se posait cette question en premier lieu à propos de deux pays puissances européennes : l’Allemagne et la France. Les discours de leurs dirigeants prononcés avant-hier à Munich en sont une réponse, valant tout au moins pour la deuxième année de guerre, et dans la supposition que celle-ci ressemble pour l’essentiel à celle qui se termine. D’autres pays européens, comme la Grande-Bretagne, la Pologne et les pays Baltes, sont depuis le début de plus sûrs alliés de l’Ukraine et des Etats-Unis, qui eux sont en fait plus que des alliés, un pays autant dire cobelligérant, à qui il ne manque pour l’être tout à fait que d’avoir des soldats à lui en train de se battre aux côtés des Ukrainiens. Si la première année de guerre a eu pour résultat la mise en évidence de la pénurie en termes de munitions affectant le camp occidental, la deuxième pourra bien être celle qui permettra de distinguer ceux qui en Occident ont déjà lié leur destin à celui de l’Ukraine et ceux qui dans le fond n’attendent que l’occasion de lui faire faux bond.

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img