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vendredi 19 avril 2024

Un printemps jusque-là plus paisible que prévu

Au début de la guerre en Ukraine, le président français Emmanuel Macron aimait à dire qu’il ne fallait pas laisser à la Turquie le monopole du dialogue avec la Russie, qu’il fallait au contraire continuer de parler à son président, car ainsi seulement on pouvait espérer le ramener à de meilleures dispositions. Puis la guerre s’était installée, forçant non seulement la France mais tous les Etats européens, dont en premier lieu l’Allemagne, à durcir ses positions envers la Russie, à rentrer dans le rang atlantiste autrement dit, si bien qu’à la fin son président avait laissé tomber toute ambition de faiseur de paix. On peut mesurer la distance parcourue depuis par le fait qu’il est allé en Chine ces jours-ci, entre autres pour demander à Xi Jinping d’user de toute son influence sur la Russie et son président pour obtenir l’arrêt de la guerre en Ukraine. Ainsi donc, si le désir de jouer au médiateur est toujours présent chez lui, ses relations avec Poutine se sont quant à elles trop dégradées pour qu’il puisse aller droit au but. Il ne peut se livrer à ce rôle que par l’intermédiaire de quelqu’un d’autre.  Il n’en reste pas moins qu’il tient aujourd’hui un langage différent de celui auquel il était coutumier pendant plusieurs mois, le mot de paix retrouvant dans sa bouche une place centrale qu’il avait perdue. En fait le président français a été plus explicite encore, déclarant que la Chine est le seul faiseur de paix possible en l’occurrence, elle qui en effet a pu réaliser une sorte d’exploit diplomatique en aidant de manière décisive au rétablissement des relations entre deux pays en apparence aussi irréconciliables comme l’Iran et l’Arabie saoudite. Qui a pu cela est capable de bien d’autres choses. Cet appel à la Chine pour qu’elle déploie son influence dans l’intérêt de la paix coïncide avec le retour du printemps, c’est-à-dire de la saison même  que la guerre en Ukraine était supposée attendre avant de reprendre de plus belle. Tout le monde prédisait la contre-offensive ukrainienne pour ce printemps justement, mais au lieu d’elle, c’est à une accalmie qu’on  assiste. Sans la bataille de Bakhmout, qui d’ailleurs n’en finit pas, quoi qu’en dise Evgueni Progojine, le patron du groupe Wagner, on croirait que les hostilités se sont arrêtées en Ukraine, qu’un cessez-le-feu est en train de se négocier dans les coulisses. Une contre-offensive ne prend personne au dépourvu, elle se prépare pour ainsi dire à l’air libre, si bien qu’on la voit venir. Or ni du côté ukrainien ni du côté russe, il n’est fait état ces derniers jours d’une concentration de forces préludant à un assaut de grande envergure. Macron va en Chine inciter les Chinois à faire pression sur les Russes, et en Ukraine même,  nulle concentration des forces n’est encore visible. Or ce n’est pas qu’en Ukraine que ce printemps se présente différemment de l’idée qu’on s’en faisait. Au Moyen-Orient les nuages ne cessaient de s’accumuler depuis plusieurs mois, du fait notamment de l’arrivée au pouvoir en Israël de l’extrême-droite. Ces dernières heures, il a même semblé que l’embrasement finissait bien par se produire,  suite  à certaines provocations israéliennes dans la  mosquée El-Aqsa. Des roquettes ont alors été tirées, à la fois depuis Gaza et le Sud-Liban, une coordination dont on n’a pas souvenir. Mais contrairement à ses habitudes, Israël a réfléchi à plusieurs fois avant de riposter dans ces deux directions. Et quand il l’a fait, on dirait qu’il a pris soin de rater ses cibles. Il faut dire que les roquettes tombées sur lui non plus n’ont pas été d’une grande précision, et encore, pour les rares d’entre elles qui n’ont pas été interceptées.

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