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vendredi 29 mars 2024

Un acte de guerre au large de la Caroline du Sud ?

Pure coïncidence sans doute qu’en ce début du mois de février les Européens mettent en place un nouvel embargo sur le pétrole russe, cette fois-ci sur ses produits raffinés, et que les Américains mettent pour la première fois à la disposition de l’Ukraine des avoirs russes gelés dans leurs banques, et qu’en plus ils se soient décidés à abattre le ballon chinois stratosphérique ayant survolé leur territoire pendant quelques jours. De leur propre aveu, cet aéronef ne représentait aucun danger ni à des installations civiles ni à des structures militaires. Ils ont même nié qu’il puisse être plus performant dans la collecte d’informations sensibles que les moyens les plus employés aujourd’hui à cet effet, que sont les drones, les avions furtifs, les satellites. Qui plus est, ils ont attendu qu’il ne soit plus au-dessus de leur sol, qu’il soit passé au-dessus de l’océan, au large de la Caroline du Sud, pour l’abattre, tout en tenant à nous spécifier lequel de leurs avions a réussi ce tour de force. Les Américains ont ignoré ce que leur en disaient les Chinois, que son objectif était purement scientifique, et que s’il en était venu à survoler leur territoire, c’est juste parce qu’ils en avaient perdu le contrôle.

Ils l’ont abattu, après une assez longue hésitation, pour qu’il ne soit pas dit qu’ils en étaient incapables, et probablement aussi pour que les Chinois ne s’avisent pas de recommencer, pour eux le fait ne devant rien au hasard. Mais l’auraient-ils abattu en d’autres circonstances que celles d’aujourd’hui ? Le doute est d’autant plus permis qu’ils ont reconnu que ce n’est pas la première fois qu’un tel incident se produisait, que par le passé des ballons chinois s’étaient inscrits dans leur ciel, sans susciter chez eux un émoi comparable à celui d’aujourd’hui. La réaction chinoise, elle non plus n’a rien d’ordinaire. C’est même celle d’un pays qui s’est fait agresser par un autre, avec lequel il se trouve qu’il est déjà dans de mauvais termes. La Chine a annoncé en effet qu’elle se réservait le droit de répliquer. Les occasions peuvent ne pas lui manquer pour joindre en l’espèce l’acte à la parole, sachant que la présence militaire américaine est forte près des côtes chinoises, alors qu’il n’y a pas trace de forces chinoises près des côtes américaines. Un avion ou un bateau américain ont bien plus de chances de violer les espaces aérien ou maritime de la Chine, compte tenu de leur concentration dans ses parages, d’ailleurs pour des motifs qui à l’origine n’ont rien de pacifiques. Sans doute est-ce le hasard qui a fait que cet incident sino-américain se soit produit quasiment en même temps que les Européens imposaient à la fois un embargo sur les carburants russes et un plafonnement de leurs prix sur le marché, du moins pour les quantités commercialisées par voie maritime. Mais en lui-même ce dernier fait n’a rien de fortuit. Au contraire, il doit tout aux circonstances dans lesquelles il intervient. Or la guerre en Ukraine et la tension actuelle dans le détroit de Taïwan ne sont pas tout à fait étrangères l’une à l’autre. La première a causé les embargos européens, et autres marques d’hostilité, comme le gel des avoirs russes, et la seconde a fait accomplir aux Américains un acte que probablement ils auraient évité en d’autres circonstances.

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