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jeudi 23 mars 2023

Ukraine: Discussion entre les diplomates russes et américains

Les chefs des diplomaties américaine et russe n’attendent pas de « percée » cette semaine, mais ils se parlent encore pour désamorcer leur crise sur l’Ukraine, aux portes de laquelle campe l’armée russe malgré les menaces de représailles occidentales.

La rencontre entre Sergueï Lavrov et Antony Blinken dans un palace de Genève est le dernier pas de deux d’un intense ballet diplomatique qui avait commencé par deux conversations entre Vladimir Poutine et Joe Biden en décembre.
Pour Washington, la perspective d’une incursion militaire russe en Ukraine est de plus en plus probable. Depuis des semaines, des dizaines de milliers de soldats sont déployés à la frontière ukrainienne.
Le Kremlin dément tout bellicisme, mais conditionne une désescalade à des traités garantissant le non-élargissement de l’Otan, et une retraite de facto de l’Alliance d’Europe de l’Est. Inacceptable, disent les Occidentaux.
Au début des pourparlers, un Sergueï Lavrov courtois, tout comme son collègue, a dit ne pas attendre de « percée », mais vouloir des « réponses concrètes » aux exigences russes. Il s’est dit disposé à écouter « des contre-propositions, s’il y en a ».
M. Blinken a promis lui de continuer à chercher un solution diplomatique, mais a une nouvelle fois menacé d’une réplique « unie, rapide et sévère » des Occidentaux en cas d’attaque contre l’Ukraine, message martelé à répétition depuis des semaines, sans succès jusqu’ici.
Malgré ces divergences, Américains et Russes continuent donc de se parler et le face-à-face de hier doit permettre de déterminer quelles solutions restent aux diplomates, alors que Moscou réclame d’urgence des réponses écrites à ses demandes, document que Washington ne semble pas prêt à fournir pour l’instant.
« Nous sommes confrontés à des problèmes complexes et les résoudre prendra du temps », avait dit jeudi à Berlin M. Blinken.
Signe de la complexité de la situation, la diplomatie russe a choisi hier, jour de négociations, pour insister sur un retrait des troupes étrangères des pays de l’Otan de tous les États ayant rejoint l’Alliance après 1997, citant nommément la Bulgarie et la Roumanie, mais la liste comprend 14 pays issus de l’ex-bloc communiste.
Le service de renseignement militaire ukrainien a lui accusé Moscou hier de continuer « de renforcer les capacités de combat » des séparatistes pro-russes dans l’Est de l’Ukraine avec notamment des chars, systèmes d’artillerie et munitions.
La Russie est considérée malgré ses dénégations comme le soutien de ces combattants et l’instigateur du conflit qui a fait plus de 13.000 morts depuis 2014. Elle a aussi annexé la même année la Crimée en réaction à une révolution pro-occidentale à Kiev.
Parallèlement, le président de la chambre basse russe Viatcheslav Volodine, a annoncé que les fractions parlementaires allaient discuter la semaine prochaine d’un appel à M. Poutine à reconnaître l’indépendance des deux territoires séparatistes pro-russes du Donestk et de Lougansk.
La rencontre de Genève vient achever une tournée d’Antony Blinken en Europe auprès de ses alliés ukrainiens, allemands, français et britanniques.
Une nouvelle fois, Européens et Américains ont martelé que Moscou s’exposerait à des sanctions ravageuses en cas d’offensive en Ukraine, menace balayée par le Kremlin.
Pour Moscou, l’essentiel est d’arracher un recul de l’Otan, perçu comme une menace existentielle et dont les élargissements successifs rappellent l’humiliation de la chute de l’URSS.
Pour les Américains, une retraite de l’Otan en Europe n’est pas une option, mais l’administration Biden a répété être prête à discuter des craintes des Russes pour leur sécurité.
Une piste serait de travailler sur le défunt traité de désarmement sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), signé pendant la Guerre froide avec Moscou mais que les États-Unis de Donald Trump ont enterré, suscitant la colère du Kremlin.
Par ailleurs, le président Biden s’est dit prêt à un nouveau sommet avec Vladimir Poutine, après celui de juin 2021 à Genève.
La Russie ne dit pas non, mais pour elle l’essentiel est de stopper « juridiquement » l’Otan.

En attendant, elle affiche ses ambitions et sa puissance militaires.

Dernières exemples en date: des manœuvres militaires au Bélarus, juste au nord de l’Ukraine, et des exercices navals d’envergure en janvier et février dans l’Atlantique, l’Arctique, le Pacifique et la Méditerranée.

 Mourad M.

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