Samedi dernier, dans un message sur son propre réseau social, Donald Trump, ex-président des Etats-Unis et néanmoins candidat favori aux primaires républicaines pour la prochaine présidentielle, fait savoir à ses partisans sur un ton particulièrement alarmiste que le parquet de New York entend l’arrêter demain, mardi 21 mars, et les appelle à le soutenir en manifestant en masse leur désapprobation. Il faut dire que ces derniers jours les indices se sont multipliés indiquant que les procureurs de New York se sont décidés à sévir contre lui dans le cadre de l’affaire dite de Manhattan, quitte pour cela à prononcer son inculpation, ce qui serait une première dans l’histoire des Etats-Unis. L’affaire en question est celle de l’achat en 2016, et en prévision de la présidentielle de cette année, du silence d’une actrice de films X avec laquelle Trump aurait eu non pas d’ailleurs une liaison mais une simple relation sexuelle, une certaine Stormy Daniels qui alors le menaçait de tout déballer. A noter que son avocat de l’époque avait depuis reconnu sa culpabilité et avait même été condamné pour son rôle dans cette affaire. Mais tout cela est de l’histoire ancienne, bien connue pour avoir fait les choux gras des journaux démocrates pendant une bonne partie du mandat de Trump.
A l’époque, les démocrates faisaient flèche de tout bois pour obtenir la destitution de ce dernier, n’ayant jamais en réalité accepté son élection, dont pourtant ils ne contestaient pas la régularité. Dans le présent, il s’agit pour eux d’empêcher Trump de prendre part à la présidentielle de 2024, le moyen le plus sûr d’éviter sa réélection, qui signerait leur fin si elle advenait. Tout ce qu’ils pourront faire dans cette optique sans que cela débouche sur une crise politique majeure, dont eux-mêmes peut-être ne réchapperont pas, nul doute qu’ils le feront. S’ils ressortent en premier cette affaire dite très pudiquement de Manhattan, c’est probablement parce qu’elle leur semble être dans sa substance la moins politique, celle dont Trump aurait le plus de mal à se dépêtrer, ou à imputer à une persécution pour des motifs politiques. Ce qui compte pour eux, ce n’est pas tant sa condamnation, dans le cadre de cette affaire ou d’une autre, car d’autres dossiers attendent d’être ouverts contre lui, mais la certitude qu’il ne se représentera pas. Pour les démocrates dans leur ensemble, le cauchemar, la fin de tout, la leur propre en tant que courant politique dominant, mais aussi celle du leadership mondial des Etats-Unis, toutes ces choses horribles s’incarnent dans la réélection de Trump. Le cas échéant celle-ci se fera face à Joe Biden, leur candidat obligé, non pas pour être le meilleur d’entre eux, mais pour être déjà le président des Etats-Unis. Si effectivement Trump n’a pas tort et qu’il est arrêté et inculpé, dès mardi prochain comme il l’assure, ou un autre jour, ce sera à ses partisans de décider de son sort. S’ils sont nombreux à protester, comme il leur demande de faire, et surtout nombreux à rester sur le pied de guerre, ils pourront et le faire relâcher et lui permettre de poursuivre sa campagne, et même à la fin de gagner l’élection. S’ils manquent de cœur à l’ouvrage, ou s’ils sont rapidement pris de lassitude, ce qu’espèrent les démocrates, non seulement il ne se représentera pas, mais probablement il finira en prison.