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vendredi 22 septembre 2023

Trêve

Si l’Occident s’est unilatéralement ému du sort des Ukrainiens victimes d’une guerre depuis maintenant plus d’un mois, certains ont constaté que le sort d’autres populations à travers le monde, soumises elles aussi aux affres de la guerre, ne suscitent pas le même intérêt, ni la même compassion. Aujourd’hui, c’est au Yémen, sous le coup d’une guerre qui dure depuis huit années déjà, qu’une grande avancée a été faite. Une nouvelle trêve de deux mois est entrée en vigueur hier au Yémen, en vertu d’un accord arraché par les Nations unies aux forces pro gouvernementales et aux rebelles Houthis engagés dans une guerre dévastatrice. Dans ce conflit qui a fait des centaines de milliers de morts selon l’ONU et poussé ce pays pauvre de la péninsule arabique au bord de la famine, une précédente trêve dans l’ensemble du pays convenue en 2016 entre les belligérants et d’autres décidées unilatéralement ont fait long feu. Voisine du Yémen, l’Arabie saoudite, riche monarchie pétrolière du Golfe, est depuis 2015 à la tête d’une coalition militaire qui aide le président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, face aux Houthis soutenus par l’Iran qui nie leur fournir des armes. La cessation des hostilités dans l’ensemble du pays est entrée en vigueur à 19h00 (16h00 GMT), au premier jour du mois de ramadhan. «Les belligérants ont répondu positivement à la proposition des Nations unies d’une trêve de deux mois», a déclaré dans un communiqué Hans Grundberg, émissaire de l’ONU, soulignant qu’elle pouvait être «renouvelée avec leur consentement». Cette annonce est le couronnement des efforts d’Hans Grundberg qui tente depuis des mois de parvenir à une trêve et de relancer les négociations en vue d’un règlement au Yémen où les puissances régionales rivales, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, se livrent à une guerre par procuration. Les efforts en vue d’un cessez-le-feu se sont intensifiés après une escalade des attaques des Houthis contre le royaume saoudien. En représailles, l’aviation saoudienne a bombardé des zones contrôlées par les Houthis. «Les parties ont accepté d’arrêter toutes les offensives aériennes, terrestres et maritimes au Yémen et au-delà de ses frontières», a déclaré Hans Grundberg. La coalition contrôle l’espace aérien et maritime du Yémen, et seuls les vols de l’ONU sont autorisés via l’aéroport de Sanaa. Un «blocus» dénoncé par les Houthis. La capitale Sanaa est, elle, aux mains des rebelles de même que les ports de la province de Hodeida. Ces ports sont essentiels pour l’acheminement de l’aide humanitaire. Une situation tragique qui continue de causer des morts, les deux belligérants étant certainement prêts à reprendre les combats après cette trêve de deux mois. Pourtant, si cette guerre a fait plusieurs centaines de milliers de morts et que des millions de yéménites souffrent de famine, les services d’informations des pays occidentaux sont loin de lui accorder le centième du temps d’audience accordée à la guerre en Ukraine. En réalité la guerre au Yémen qui sévit depuis huit ans déjà est même très rarement abordée et ne semble inquiéter aucun dirigeant occidental, alors même que la guerre en Ukraine occupe une majorité du temps d’antenne des chaînes d’infos. Reste à voir combien de temps la guerre au Yémen durera et combien de temps la population du pays, meurtrie et affamée continuera à mourir en silence.

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