Les migrants sont aujourd’hui une source accrue de tension en Europe avec des milliers d’individus massés à la frontière polonaise tentant, par la violence, de forcer les nombreux dispositifs de sécurité mis en place par les autorités locales. Mais la crise des migrants sème également le trouble dans les relations franco-britanniques, le ministère britannique de l’Intérieur jugeant «inacceptable» vendredi le nombre de traversées illégales de la Manche par des migrants à bord de petites embarcations, qui a atteint un nouveau record avec plus d’un millier décomptées pour la seule journée de jeudi. Les traversées illégales constituent un sujet régulier de tensions entre Paris et Londres, les autorités britanniques estimant insuffisants les efforts entrepris côté français pour les empêcher malgré le versement d’aides financières. Et la sortie du ministère de l’Intérieur britannique a visiblement ulcéré le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui s’est empressé de lui répondre. «Nous n’avons pas de leçons à recevoir des Britanniques sur la gestion par la France des migrants qui veulent rejoindre la Grande-Bretagne», a riposté le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui devait recevoir son homologue en fin de journée. «Les Britanniques doivent arrêter de nous prendre pour des punching-balls de politique intérieure», a ajouté le ministre. «Nous ne sommes ni leurs collaborateurs, ni leurs supplétifs». Darmanin a fait valoir que la situation à Calais, où des migrants sont massés dans l’espoir de gagner la Grande-Bretagne, était le fait du gouvernement de Boris Johnson. «Je rappellerai à mon homologue britannique, a-t-il dit, que les ONG qui empêchent la police et la gendarmerie de travailler, ce sont des ONG en grande partie britanniques avec des citoyens britanniques qui sont sur le sol français et font de l’agit-prop». Il a fait valoir, en outre, que «les passeurs, qui organisent des réseaux et exploitent des femmes et des enfants (…) sont très souvent en Grande-Bretagne». Enfin, le ministre français a critiqué le «marché du travail qui en Grande-Bretagne fonctionne en grande partie grâce à une armée de réserve, comme dirait Karl Marx, des gens irréguliers qui peuvent travailler à bas coût». «Si les Britanniques changeaient très fortement leur législation, ils l’ont fait, mais pas assez, les gens ne seraient plus à Calais ou à Dunkerque», a-t-il souligné. «C’est nous qui subissons la politique britannique. Il ne faut pas inverser les rôles», a ajouté Darmanin. Ainsi, si les relations ont souvent été tendues ces dernières années entre Paris et Londres, la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE donne aujourd’hui une nouvelle dimension aux dissensions entre les deux pays. Reste à voir si les deux ministres de l’Intérieur réussiront à trouver un accord ou si les rapports entre les deux nations sont voués à se dégrader.