Si au moment des élections présidentielles en France les parties de gauche se sont entre-déchirés, Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise étant particulièrement visés vis-à-vis de leur manque de soutien à l’Ukraine, au moment de la coalition de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale) ils n’ont cessé de présenter un front aussi uni possible. Il a surtout été reproché à ceux qui avaient attaqué LFI durant la campagne présidentielle de prétendre désormais partager le programme des Insoumis. Or aujourd’hui, à l’occasion des turbulences autour de la visite américaine à Taiwan, le secrétaire national d’Europe écologie-les Verts a nettement marqué son désaccord avec Jean-Luc Mélenchon et réaffirmé son soutien au peuple taïwanais. La question taïwanaise divise la NUPES. Julien Bayou, député au sein de cette coalition de gauche et secrétaire national d’Europe écologie-les Verts, a réagi aux propos de Jean-Luc Mélenchon concernant la visite américaine à Taïwan. «Ce n’est pas possible, sous prétexte de je ne sais quelle soi-disant ‘’provocation’’, de considérer que l’intimidation de la Chine à l’égard de Taïwan est acceptable», a affirmé Julien Bayou. Le chef de La France Insoumise ayant qualifié de provocation la venue sur l’île de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis. «On ne peut pas être démocrate à géométrie variable et considérer que, parce que telle ou telle action froisserait un régime autoritaire comme la Chine, on devrait abandonner Taïwan», poursuit Julien Bayou. Il a aussi qualifié la vision diplomatique de Jean-Luc Mélenchon de «datée». «Je vois un vrai cynisme : tout ce qui est opposé aux États-Unis est bien. Je trouve que ça relève d’un comportement non-aligné. Mais c’est en 1955 en fait la conférence de Bandung sur le non-alignement, en pleine Guerre froide. On en est très loin je crois», critique-t-il encore. Le secrétaire national d’EELV dénonce encore la «rhétorique des provocations» qui, selon lui, ont aussi joué un rôle dans le conflit en Ukraine. «Il faut soutenir les peuples quand ils luttent pour leur droit, où que ce soit dans le monde, et quand bien même ça fâche des régimes autoritaires», conclut-il. Au sein de la NUPES, la situation entre la Chine et Taïwan divise. Le député européen écologiste David Cormand avait déjà critiqué la position de Jean-Luc Mélenchon sur Twitter. Le parti a publié un communiqué dans lequel il condamne «l’intimidation militaire de la Chine». Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, s’est montré plus mesuré, tout en marquant une forme de soutien à Taipei. «L’opportunité de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan est discutable, la volonté des Taïwanais de vivre en démocratie ne l’est pas», a-t-il commenté, lui aussi sur Twitter. Toujours sur le réseau social, le compte du secteur International-Europe du PCF a posté un thread sur la situation. Qualifiant aussi de «bravade» la visite de Nancy Pelosi à Taïwan, la série de messages rappelait aussi que «ce qui doit primer c’est l’intérêt commun aux peuples et États de la région de garantir une coexistence pacifique». Le remerciement public de l’ambassade de Chine en France à Jean-Luc Mélenchon pour son soutien n’a certainement pas aidé à calmer les tensions au sein de la NUPES. Reste à voir comment les cadres de la LFI, que l’on sait très vindicatifs et qui conçoivent toute critique comme une trahison, vont réagir face à la sévère charge de Julien Bayou. Surtout que ce dernier s’attaque à leur grand manitou.