La situation pédagogique de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou est alarmante et préoccupante, eu égard à plusieurs contraintes dont celles matérielles et organisationnelles. C’est son recteur, le Professeur Ahmed Bouda, qui a tiré, hier, la sonnette d’alarme quant à l’urgence que tous les membres de la communauté universitaire conjuguent leurs efforts pour la «sauver» et, du coup, sauver l’économie de la wilaya de Tizi Ouzou. Intervenant aux travaux de la session ordinaire de l’Assemblée populaire de wilaya, il a dressé un tableau des plus noirs de la situation qui y prévaut, allant dans le détail pour énumérer les contraintes de ce blocage. Le retard accumulé au fil des années a engendré «un chevauchement» de deux promotions dans certaines facultés, portant ainsi le nombre d’étudiants en graduation à 50 053 pour 48 580 places pédagogiques pour le compte de l’année universitaire 2021/2022. L’encadrement, selon le même responsable, présente un léger déficit comparativement aux normes internationales. Ce sureffectif n’est pas sans impact sur les structures d’accueil, en plus du retard dans la réalisation d’autres comme les laboratoires dont on estime le financement à des dizaines de milliards de centimes non dépensés à ce jour. Le déficit en places pédagogiques s’accentuera à la prochaine rentrée universitaire pour laquelle l’on attend plus de 10 000 nouveaux bacheliers. Le retard accumulé de plusieurs années est dû aussi aux grèves, au boycott des examens et aux fermetures récurrentes des locaux avant qu’il ne soit mis fin à ces pratiques ancrées à Tizi Ouzou. Au titre de la recherche universitaire, Ahmed Bouda a fait état de 28 laboratoires fonctionnels selon les normes, alors que trois autres n’ont pas trouvé d’équipes de recherches nécessaires à leur fonctionnement. Le recteur reconnaît que cette situation est très difficile, mais a affirmé qu’il est optimiste quant à la possibilité de «remonter la pente» à condition que la communauté universitaire adhère à cette entreprise visant à redonnerà l’université de Tizi-Ouzou la place qui lui revient de droit dans son environnement immédiat économique. Ahmed Bouda a même détaillé sa feuille de route afin de réunir les meilleures conditions aux étudiants, affirmant que toutes les potentialités requises pour un pareil défi existent à Tizi Ouzou, il suffit de les réunir. Même constat pour les œuvres universitaires, comme a tenu à le souligner le président de la Commission éducation, formation et enseignement supérieurs à l’APW de Tizi Ouzou. L’état à l’intérieur des résidences universitaires est lamentable et insoutenable pour les plus de 50 000 étudiants que l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou compte.
Hamid Messir