Le groupe musical moderne d’expression kabyle «Amzik» (comme avant) a enflammé, vendredi soir, le théâtre régional Kateb-Yacine.
Par Hamid Messir
Dans une salle archicomble de plus de 1 200 personnes, Amzik, composé essentiellement de trois membres dont des jumeaux, a fait vibrer et danser ses fans pendant trois heures de spectacle. Entre un public essentiellement composé de jeunes et les auteurs d’une nouvelle inspiration de la chanson kabyle, il y a eu une très belle communion au bonheur des deux parties. Personne des deux côtés ne s’attendait à une telle ambiance festive. Venu spécialement de France où ses membres dont deux musiciens français pour animer trois soirées de ramadhan, Amzik a été agréablement surpris d’une telle popularité pour sa première en Algérie. Et pourtant le ticket du spectacle était cédé à 1 500 dinars. Didine, membre du groupe à la mandole, a tenu à le souligner avec beaucoup d’émotion et de reconnaissance. La folle soirée a été entamée par une minute de silence en hommage aux victimes des incendies de l’été dernier en Kabylie, mais aussi à tous les militants morts pour la cause berbère. Puis les frères jumeaux Nonor et Karim et Didine enchaînèrent plus d’une dizaine de titres de leur riche répertoire. «Ighab laaqel iw» (Moment d’absence d’esprit), «Lvavour» (Le bateau) , «Yenad Wuliw» (Mon cœur m’a dit), «Anazur» (L’artiste), «Amek Ar-Aichagh» (Comment vivre), «Yiwen, Sin» (Un, deux), «Leghibam» (Ton manque) et d’autres ont été magistralement interprétés et repris en chœur par un public avide d’ambiance festive. Les quelques mètres carrés restés libres devant la scène étaient investis à chacune des chansons rythmées par des dizaines de fans pour danser et se défouler. Les sonorités musicales kabyles avec des touches modernes ne pouvaient laisser ces jeunes filles et garçons cloués à leurs sièges pendant les trois heures de spectacle. Amzik n’a pas manqué de rendre hommage à deux grandes figures de la chanson kabyle, Matoub Lounes et Cheikh El Hasnaoui. En effet, deux titres de ces deux géants de la chanson kabyle, à savoir respectivement «Ahlili» et «El kess ghef el kess» ont été revisités avec la touche d’Amzik. Même le membre du groupe d’origine breton a agrémenté le public avec de la poésie française que les fans connaissaient parfaitement. Et c’est dans une folle ambiance que les deux derniers titres ont été interprétés devant un public prêt à prolonger la soirée. Le concert restera mémorable de l’avis des membres d’Amzik dont Didine, cet enfant natif de Béjaia, qui a tenu à nous le confier à la fin du spectacle. «On ne s’attendait pas à une telle réussite pour notre première ici en Algérie. Notre succès d’aujourd’hui n’était pas imaginable. Nous sommes heureux ce soir de partager ce sentiment de réciprocité d’appartenance avec nos fans et l’échange a été très intense et rempli de beaucoup d’émotion. Nous avions tellement envie de rencontrer notre public ici à Tizi Ouzou», a tenu à le souligner notre interlocuteur. A noter que le groupe Amzik donne rendez-vous à ses fans aujourd’hui à l’annexe de la maison de la culture Mouloud- Mammeri d’Azazga et demain à la salle de cinéma de Boghni.
Amzik : Le groupe est composé des frères jumeaux Abdenour (dit Nonor) et Karim Belkadi de Tizi Ouzou, Khirreddine Kati alias Didine de Béjaia et des deux musiciens français Martin Guerpin (saxophoniste) et Hugo Proy (clarinettiste). Nonor et Karim sont arrivés en France en 2003 à l’âge de 15 ans. Avant la naissance du groupe Amzik, tout a débuté par des soirées musicales entre amis avant que les frères jumeaux ne fassent connaissance de Khirreddine Kati, musicien et arrangeur. Ils reprenaient des chefs-d’œuvre de grands noms de la chanson kabyle avec leurs propres touches qui les feront connaître sur la toile, puis donner naissance au groupe Amzik avec la sortie d’un premier disque «Assoughou n temzi» (Cri de jeunesse en 2016 ) et un single «Yemmas n ughriv» (La mère de l’exilé en 2018).
H. M.