«La colère légitime que vous avez manifestée lors de la Conférence nationale sur le théâtre qui s’est tenue les 14 et 15 mars 2023 m’interpelle et m’interdit de demeurer silencieux. Je ne peux me taire au nom d’une vie consacrée au théâtre en tant que comédien, metteur en scène, responsable, enseignant et organisateur d’événements culturels. Cette vie m’a conféré une légitimité qui m’impose des obligations dont celle de tirer la sonnette d’alarme s’il le faut et quand il le faut. Je n’ai jamais dérogé à ce devoir». C’est avec ces mots que le dramaturge Ziani Cherif Ayad a commencé sa lettre ouverte adressée à la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji.
Par Abla Selles
C’est après avoir reproché aux directeurs des théâtres le fait de ne pas toucher du doigt les vrais problèmes du secteur dans leurs propositions lors de la Conférence nationale, que Ziani Cherif Ayad a écrit cette lettre ouverte.
Le dramaturge a voulu prouver son engagement professionnel en attirant, à maintes reprises, l’attention du ministère de tutelle sur des problèmes de fond du théâtre algérien, précisant qu’«en ce qui me concerne, je ne me suis pas contenté d’attirer l’attention sur la crise que vit le théâtre algérien, mais j’ai fait plusieurs propositions concrètes pour son renouveau. Toutes sont restées sans réponse».
Le dramaturge affirme, dans cet ordre d’idées, avoir adressé plusieurs lettres au ministère de la Culture et des Arts où «j’ai fait plusieurs propositions concrètes pour le renouveau du théâtre algérien et toutes sont restées sans réponse».
L’artiste a cité, dans ce sens, un document intitulé «Réflexions sur le théâtre algérien et ses perspectives» dans lequel «j’attirais l’attention sur le fait que l’avenir du théâtre en Algérie ne pouvait être envisagé sans une politique culturelle cohérente, une organisation rationnelle et un plan d’actions précises et coordonnées. Le document soumettait à l’étude des propositions concrètes qui avaient le dessein de contribuer à la relance du théâtre algérien. Il y a été question des institutions du théâtre, de la formation aux métiers du spectacle, des résidences d’écriture, des théâtres régionaux, du soutien à la création, de la création de l’école populaire de théâtre, des comités de lecture, des coopératives théâtrales et des festivals qui devaient ambitionner de contribuer au développement du théâtre et à la ‘’construction’’ du goût du public. Il y était incorporé la diffusion d’œuvres intégrant des Masters Class sur la pratique du théâtre, projet structurant et d’envergure nationale, où conférences, master class et production de l’œuvre d’un dramaturge notoire devaient vivre en symbiose. Aucun écho, la marginalisation persiste».
Ziani Cherif Ayad ajoute que «le document s’était également préoccupé de la constitution du répertoire théâtral. Ce dernier point avait fait préalablement l’objet d’un dossier détaillé. Le projet, qui pour sa réalisation sollicitait l’initiative publique et privée, prévoyait la création d’un centre national des archives théâtrales sans lequel la préservation de la mémoire du théâtre algérien demeurait un vain mot». Le travail sur ce projet a commencé en 2019 mais il était bloqué à cause de la pandémie de Covid-19 et il demeure sans suite.
«Ces projets étaient couplés à un autre projet non moins important : le Printemps des Arts. Les partenariats signés pour la réussite de ce projet sont très utiles. Il fut aussi proposé à l’Opéra d’Alger la création, en partenariat, d’un évènement intitulé ‘’L’opéra fête son théâtre’’ dont la périodicité serait annuelle. Parallèlement aux représentations, il visait à créer un rapport interactif avec le public. Dans une première étape, son champ d’action serait national puis s’ouvrirait progressivement à l’espace maghrébin pour à l’avenir se transformer en festival du théâtre maghrébin», conclut le dramaturge Ziani Cherif Ayad.
A. S.