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jeudi 18 avril 2024

Tensions

Après de nouveaux débordements ce week-end, la mobilisation sociale contre la réforme des retraites continue à se radicaliser et les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre sont de plus en plus fréquents. Une situation difficile à gérer pour le gouvernement et l’Élysée qui espèrent désormais un passage rapide de la loi pour mettre fin à la crise. Mais aujourd’hui les dissensions gagnent l’exécutif et la tension entre le président français et sa Première ministre devient officielle. En effet, vendredi, Emmanuel Macron prend connaissance des cinglants propos de la Cheffe du gouvernement à son endroit. Elisabeth Borne a publiquement affiché ses divergences sur plusieurs pans de la stratégie du chef de l’État. «Élargir la majorité» comme lui a demandé le président ? Ces mots pourraient «crisper», estime Borne. Souvent décrite comme une «techno», parfois réduite au rôle de simple exécutante par ses opposants, Élisabeth Borne fait de la politique. Souhaitant que l’exécutif redonne un «cap» au pays, ainsi que «du sens et du souffle à l’action», elle prévient : «Je ne suis pas simplement là pour administrer le pays». Insinuant clairement que «si elle reste, il faudra lui laisser faire les choses à sa façon», analysent les observateurs politiques, soulignant que, «pour la première fois», la sexagénaire «fait entendre une petite musique sur son autonomie». A ses risques et périls ? Pas forcément, selon un conseiller de l’exécutif qui estime que «la rupture est déjà entamée» avec Emmanuel Macron. «Elle n’a plus rien à perdre, donc autant laisser une marque dans l’opinion». De son côté, l’Élysée s’est contenté, pour l’instant, d’une réponse lapidaire : «Le président de la République coordonne avec la Première ministre. Le cap a été donné par le président de la République lors de son interview du 13 heures sur France 2 et TF1». À l’Élysée, chaque scénario est examiné, y compris un départ de l’actuelle locataire de Matignon, indique «Le Monde». Élisabeth Borne aurait déçu dans sa façon de gérer le dossier des retraites. «Aussi bien sur le fond que sur la forme», pointe un analyste, évoquant un «projet mal ficelé» et «une erreur d’appréciation politique» avec le parti Les Républicains (LR), dont certains députés, malgré les concessions du gouvernement, refusaient de voter favorablement le texte. «Vous n’avez pas voulu de Catherine Vautrin, vous m’avez vendu Élisabeth Borne comme la perle rare, et voilà où on en est !», aurait même lâché Emmanuel Macron, selon «Le Point», peu après que cette dernière a déclenché le 49.3 sur la réforme des retraites, faute de réunir suffisamment de voix sur son texte. Mais malgré la frustration du président, il lui est quasiment impossible d’envisager un changement de Premier ministre, alors que le gouvernement et sa cheffe gèrent peut-être la réforme la plus importante des deux quinquennats du président marcheur. Macron et Borne devront ainsi se supporter jusqu’au moins le passage, si elle passe effectivement, de cette loi qui continue de mobiliser partout en France et qui est déjà considérée par tous, sauf la majorité, comme une réforme médiocre.

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