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vendredi 29 mars 2024

Tenir bon jusqu’au dernier Ukrainien

Si les sanctions économiques et financières pouvaient décider de l’issue d’une guerre, celles déjà prises par les membres de l’Otan contre la Russie sur injonction américaine sont d’une ampleur telle qu’elles devraient permettre à leur allié ukrainien non seulement de repousser l’armée envahissante mais de la poursuivre à l’intérieur de ses frontières. Il se trouve que pour l’heure elles ne se sont traduites que par une seule victoire incontestable, celle du dollar sur le rouble, qui a perdu 30 % de sa valeur sur le marché des changes. Les banques russes étant maintenant débranchées du système financier occidental, la baisse ne frappera pas que le rouble, mais l’ensemble des échanges russes avec l’Europe. Le problème avec l’arme des sanctions, c’est qu’elle est à double tranchant. Si elles blessent la partie qui les subit, elles n’épargnent pas complètement celles qui s’en servent. Dans le cas de celles dont il est question, on se demande même si elles ne font pas plus mal à ces dernières. La Russie ne s’est pas décidée à intervenir militairement en Ukraine sans avoir trouvé préalablement des alternatives à ses échanges commerciaux avec les Européens, sachant par avance qu’ils allaient être grandement affectés, probablement même réduits à néant. Les Etats-Unis sont d’autant plus intransigeants sur ce chapitre que leurs échanges commerciaux avec la Russie sont négligeables.

Ils ont même tout à gagner en l’occurrence, le principal objectif économique poursuivi par eux dans ce conflit étant de remplacer en Europe le gaz russe par le leur, au mépris des avantages comparatifs marqués du premier. En attendant que cela soit possible, les Européens vont devoir payer bien plus cher gaz et pétrole, et réduire fortement leurs exportations vers la Russie. Si le conflit devait s’envenimer plus qu’il ne l’est déjà, un scénario tout à fait probable d’ailleurs, ils finiraient par couper toute relation avec elle, déjà qu’ils sont en train de fermer les uns à l’imitation des autres leur ciel à l’aviation civile russe. De là à ce qu’ils rompent leurs relations diplomatiques, il n’y a qu’un pas, qu’ils pourraient très bien franchir. Les Occidentaux font semblant de prendre des sanctions, en réalité ils sont sur le pied de guerre. Ces sanctions sont destinées, du moins dans un premier temps, à exciter le courage, c’est-à-dire l’esprit de sacrifice, des Ukrainiens. De tous les Ukrainiens, militaires et civils, car pour eux il importe par-dessus tout que la guerre reste confinée dans leur pays. En effet, si elle débordait, ce serait nécessairement dans un pays membre de l’Otan, ce qui serait de nature à les y entraîner tous, ce à quoi ils répugnent foncièrement tous autant qu’ils sont. Pour la première fois de son histoire, l’Otan entrerait dans une guerre qu’elle ne pourrait pas remporter. Cette perspective à elle seule est de nature à la faire éclater, en quelque sorte à titre préventif. Il est donc vital que la guerre actuelle reste en Ukraine. Pour cela, l’Otan est prête à tout, en dehors bien sûr d’y envoyer des troupes, car cela reviendrait à déclarer la guerre à la Russie, ce dont il n’est absolument pas question. Ses membres prendront toutes les sanctions possibles et imaginables, non pas tant pour nuire à l’économie russe que pour dire aux Ukrainiens qu’ils se rangent à leur côté, qu’ils ne les lâcheront pas, quoi qu’il advienne. Les Occidentaux sont déterminés à résister à leur propre guerre contre la Russie jusqu’au dernier d’entre eux.

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