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vendredi 19 avril 2024

Tel est isolé qui croit isoler

Depuis le début de la guerre, les «alliés» comme ils se nomment eux-mêmes, et pas que depuis le 24 février, se seront consacrés à trois choses en même temps : prendre des sanctions contre la Russie, en vue de l’isoler à la fois économiquement et politiquement, livrer à flux tendu des armes à l’Ukraine, et expulser à tour de bras les diplomates russes. Si ce triptyque avait été un succès, la Russie serait déjà à demander pardon pour avoir osé envahir l’Ukraine, envers et contre leurs avertissements, à supplier de lui permettre de revenir dans le concert des nations civilisées. Il n’en est rien. Ce n’est pas d’elle que vient d’ailleurs la meilleure preuve que les sanctions n’ont pas l’efficacité qu’ils leur supposent, mais d’eux-mêmes, de la nécessité où ils sont d’en prendre de nouvelles au fur et à mesure de la guerre. De fait, ce qu’ils se préparent à faire en réponse aux «atrocités de Boutcha», que la Russie impute à ce qu’elle-même nomme, et pas que depuis le 24 février, les néo-nazis ukrainiens, dont personne ne peut nier qu’en effet il en existe un certain nombre. Entre la thèse occidentale et la thèse russe, il n’y a même pas lieu d’hésiter en réalité, tant la balance penche du côté de la deuxième.

Et cela sans même invoquer les leçons du passé, notamment le charnier de Timisoara et l’ampoule d’anthrax de Colin Powell, qui n’encouragent guère à prendre pour argent comptant ce que disent les Occidentaux quant ils sont sur le pied de guerre, tant leurs officiels du reste que leurs médias. Justement, l’opinion mondiale n’a pas l’air de les croire cette fois-ci. En tout cas elle demande à voir, elle attend que des preuves lui soient apportées en provenance d’une ou de plusieurs sources crédibles, ce qui exclut par avance les enquêteurs sortis de leurs rangs. Les Occidentaux auront tout fait ces derniers quarante jours pour isoler la Russie, et au final ce sont eux qui se sont trouvés isolés. Unis, et encore pas à cent pour cent, mais isolés. Ils en sont réduits à rechercher le moindre indice les confortant dans l’idée que la communauté internationale prend fait et cause pour eux dans leur guerre non déclarée à la Russie. Ils n’en voient aucun. Les récentes élections, en Hongrie et en Serbie, ont été remportées par les «amis de Poutine», comme ils disent pour parler de la Russie. Ce n’est pas bon signe. Au Pakistan, le Premier ministre en fonction, Imran Khan, qui avait accusé les Américains de comploter contre lui, pour ses amitiés russes, n’a pas été renversé, comme tout le laissait prévoir. S’il y a la guerre en Ukraine, il y a l’inflation en Occident, ce qui au jour d’aujourd’hui est à peine meilleur. Pour l’administration Biden, cela peut même être pire. Elle le sait si bien qu’elle a pris la décision de prélever un million de barils par jour pendant six mois sur les réserves stratégiques de brut pour lutter contre la hausse des prix à la pompe. Voilà qui s’appelle une mesure d’exception, mais nécessairement pas une mesure d’urgence, étant donné qu’elle ne prendra pas effet le mois en cours, comme le voudrait le bon sens comme la gravité du moment, mais à partir du mois de mai. La raison de cet ajournement est évidente : dans six mois, ce sera novembre, et en novembre se tiendront les élections de mi-mandat, qu’il ne faut surtout pas perdre. S’ils sont perdus en effet, l’administration se trouvera en face d’une majorité républicaine dans les deux chambres qui ne lui épargnera rien. Ce sera comme si elle avait perdu la guerre contre Poutine.

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