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jeudi 28 mars 2024

Système

Si les talibans, qui ont repris le pouvoir à Kaboul sitôt les Américains ayant quitté l’Afghanistan, ont passé de nombreuses semaines et de nombreux mois à tenter de «séduire» les chancelleries occidentales, il semblerait que les fins de non-recevoir qu’ils ont reçues ont fini de faire craquer le très fragile vernis de fréquentabilité dont ils avaient essayé de se revêtir. Le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, a ainsi sommé cette semaine le monde de cesser «se mêler» des affaires afghanes, estimant que l’application de la loi islamique était la clé du succès pour son pays. Akhundzada, qui n’a jamais été filmé ou photographié en public depuis l’arrivée au pouvoir des talibans en août, et vit d’ordinaire reclus à Kandahar (sud), leur centre spirituel, s’est exprimé à Kaboul devant une assemblée de dignitaires religieux convoquée par le régime pour consolider son pouvoir. «Ils nous disent : Pourquoi ne faites-vous pas ci, pourquoi ne faites-vous pas ça ? Pourquoi le monde se mêle-t-il de nos affaires ? Nous n’accepterons les directives de personne au monde. Nous n’inclinerons que devant Allah tout puissant», a-t-il déclaré, dans un discours d’une heure retransmis par la radio d’État. Fin mars, les talibans avaient fait refermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine après leur réouverture, annoncée de longue date. Ce revirement inattendu avait été ordonné par Akhundzada lui-même, selon plusieurs sources au sein du mouvement. Il n’a pas évoqué ce sujet dans son discours, qui s’en est surtout tenu à appeler les fidèles à respecter les principes islamiques. Les talibans sont largement revenus à l’interprétation ultra-rigoriste de l’islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir, restreignant très fortement les droits des femmes. Ils les ont presque complètement exclues des emplois publics, ont limité leur droit à se déplacer et interdit l’accès des filles aux écoles secondaires. Les femmes se sont aussi vues imposer le port du voile intégral, couvrant le visage, pour toute sortie en public. Ils ont aussi interdit la musique non religieuse, la représentation de visages humains sur des publicités, la diffusion à la télé de films ou séries montrant des femmes non voilées, et ont demandé aux hommes de porter le vêtement traditionnel et de laisser pousser leur barbe. Akhundzada a prévenu ses auditeurs que les nations non musulmanes n’accepteraient jamais un État authentiquement islamique, et leur a donc demandé de se préparer à subir bien des épreuves. «Il ne peut y avoir de réconciliation entre l’islam et les kafirs. Ça n’a jamais eu lieu, pas dans le passé et pas maintenant», a-t-il jugé. «Vous devez vous battre, endurer les épreuves (…) Le monde actuel n’acceptera pas facilement que vous mettiez en œuvre le système islamique et il ne vous le permettra pas», a-t-il dit. Les talibans ont entouré ce rassemblement de fortes mesures de sécurité. Mais jeudi dernier, deux hommes armés ont tout de même réussi à s’approcher du lieu de la réunion, à l’université polytechnique de Kaboul, avant d’être abattus. Après leur retour au pouvoir, à l’issue de 20 années de guérilla contre le gouvernement élu et les forces étrangères, les fondamentalistes avaient promis de se montrer cette fois-ci plus souples. Mais ils ont rapidement renié leurs promesses. Le chef des talibans semble ainsi décidé à oublier la comédie que les représentants de son gouvernement jouaient à l’Occident en essayant de faire croire à l’avènement d’un nouvel État fondamentaliste néanmoins «inclusif» et «moderne». La véritable nature du régime islamiste, extrémiste et totalitaire, n’a pas pu être cachée et donc las de prétendre avoir changés, les talibans se présentent désormais sous leur véritable jour. Reste à voir quelles nouvelles privations le peuple va encore devoir subir et plus particulièrement les femmes afghanes qui sont les premières à souffrir depuis l’avènement des intégristes.

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