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vendredi 29 mars 2024

Syrte, le moment de vérité

Demain s’ouvre à Syrte la session du Parlement libyen consacrée au débat sur la confiance demandée, dans les temps prescrits par la feuille de route du Dialogue libyen, par Abdelhamid Dbaibah pour le gouvernement qu’il a formé mais dont il s’est gardé de rendre publique la composition, probablement pour bien montrer qu’en l’occurrence il est disposé au compromis pour le plus grand de la Libye. Une façon plutôt limpide en effet de suggérer aux parlementaires que ce qu’il recherche par-dessus tout, c’est leur confiance, ce n’est pas promouvoir des personnes sur lesquelles eux-mêmes auraient des réserves. Il n’est pas le genre à forcer la main de qui que ce soit, lui dont la prudence est depuis son élection début février à Genève bel et bien d’un sioux. N’était la date-butoir fixée par cette même feuille de route, il aurait sans doute pris plus de temps avant d’en arriver au rendez-vous de demain, dont, soit dit en passant, la tenue n’était pas évidente il y a seulement quelques jours. Plus significatif encore du climat dans lequel ce vote de confiance intervient, c’est le fait qu’on ne sache pas encore si les parlementaires basés à Tripoli seraient présents à Syrte. Syrte est la capitale de transition de la Libye. C’est aussi par elle que passe la ligne de front séparant les forces armées des deux régions libyennes en lutte pour le leadership dans la perspective de la réunification de leur pays.

Si les parlementaires relevant de Tripoli ne sont pas présents demain pour accorder leur confiance, ou le cas échéant pour la refuser, il ne sera pas bien difficile de deviner quelle sera la suite des événements. Le gouvernement Dbaibah ne sera dans ces conditions reconnu que par Tobrouk, à supposer bien sûr qu’il obtienne sa confiance à l’issue du débat programmé pour demain. S’il ne l’obtenait pas, c’est comme si la conférence de Berlin et ce qui en a découlé n’avait pas eu lieu, tout simplement. Tout serait à recommencer. Ce scénario est toutefois improbable, car si les parlementaires de Tripoli sont absents, ceux de Tobouk à coup sûr accorderont leur confiance. Le gouvernement transitoire a été conçu pour se substituer aux deux gouvernements existants, celui de Tripoli et celui de Tobrouk. Si tout devait se passer selon les vues de l’ONU, son acceptation par ces derniers, autrement dit leur effacement devant lui, serait le meilleur gage de la réussite du processus de réunification déjà engagé. On peut être plus optimiste encore et dire que la crise libyenne serait pour ainsi dire surmontée. Pour qu’elle le soit réellement dans ce cas de figure, il suffirait d’attendre les élections prévues pour la fin de l’année, pour la tenue desquelles tout alors militerait. La solution politique que ce gouvernement de transition représente, et qu’il est chargé de traduire dans la réalité, ne peut réussir qu’à cette condition. A l’inverse, si celle-ci n’était pas remplie, ou si elle ne l’était qu’à moitié, avec un seul des deux gouvernements qui accepte de se dissoudre, alors le plan onusien serait en bonne voie de se solder par l’échec. Du moins lors de la première tentative de le mettre en œuvre. Pour le sauver, il faudrait davantage que les efforts de la Manul, la mission onusienne pour la Libye. Il faudrait l’implication directe du Conseil de sécurité, dont il faut quand même signaler qu’il n’a toujours pas endossé formellement la feuille de route tracée à Genève par le Forum du dialogue libyen sous l’égide de l’ONU.

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