Le Théâtre national algérien organise depuis hier un symposium de trois jours intitulé «Les stratégies nationales et internationales dans les gestions des théâtres». Cet évènement qui se poursuivra jusqu’au 29 du mois de mars, se veut une occasion pour mettre la lumière sur les problèmes des théâtres en Algérie et proposer des solutions concrètes afin d’améliorer le niveau des activités théâtrales.
Par Abla Selles
Cet évènement, qui se veut aussi un espace d’échanges et de partage, permet aux professionnels du théâtre de lancer un débat national en associant tous les acteurs culturels (associations, coopératives,…).
La première journée de ce symposium qui coïncide avec la célébration de la Journée internationale du théâtre a été marquée par un hommage rendu à une des icônes du théâtre algérien, à savoir Mme Kelthoum.
A cette occasion, une représentation théâtrale de la pièce «Memory-Kelthoum» a été présentée à la salle Mustapha-Kateb, au bonheur de ses fans et un grand nombre d’artistes. Produite par la coopérative artistique du théâtre «Port-Saïd»(avec le soutien du TNA) et mise en scène par Tounes Ait-Ali, «Memory-Kelthoum» est écrite par Djamila Mustapha-Zeggai. Il s’agit d’une comédie noire sur la grande comédienne Kelthoum et son choix de se retirer de la scène artistique. D’une durée de 60 mn, le spectacle restitue des moments difficiles dans la vie de Kelthoum et sa décision de se retirer de la scène artistique après une longue et brillante carrière, choisissant de s’isoler et de ne plus communiquer avec le monde extérieur. Refusant de répondre au courrier qui lui était quotidiennement adressé par des professionnels du cinéma et du théâtre, porteurs de projets, des amis ou des fans. Kelthoum, brillamment rendu par la jeune Yousra Daïkha, se retrouve contrainte d’affronter les démons d’un passé qui n’aura pas été clément envers elle. Marquée par le conservatisme ambiant d’une époque où la femme n’avait de place qu’à la maison, Kelthoum résiste à l’adversité et se résout à suivre sa voie d’artiste qui lui vaudra d’être renvoyée de la maison, car elle a «enfreint les règles de bonne conduite». Pour la ramener à la vie, «Nounou», son fidèle serviteur, incarné par le jeune Chabane Mohamed Aziz, prétexte de tenir un journal dans lequel il consigne tous les beaux souvenirs de la grande comédienne et actrice juste pour l’inciter à les revivre et les raconter. Kelthoum, vivant dans ses tourments, sait qu’elle se fait violence en décidant de se retirer du monde artistique et familial, sans doute une manière pour elle de sanctionner ses détracteurs. Ce choix de vie loin des projecteurs de la célébrité n’aura pas été sans effet sur elle, car au fil du temps elle deviendra arrogante et agressive, demandant chaque fois à son domestique de lui ramener son parapluie pour s’abriter des lueurs du soleil du jour et de la lune le soir. Pourtant, les souvenirs sont bien là et Kelthoum évoquera avec regret son passé glorieux de comédienne et d’actrice avec des artistes de renom, à l’instar, entre autres, de Abderrahmane Rais, Allal El Mohib, Mahieddine Bachtarzi, Mustapha Kateb, Alloula, Azeddine Medjoubi et Lakhdar Hamina avec qui elle est montée sur les marches du Festival de Cannes en 1975. Des extraits musicaux d’œuvres du patrimoine, interprétés par Lili Boniche, Matoub Lounès, ainsi que d’autres issus du terroir chaoui, agrémentent les atmosphères lugubres de «Memory-Kelthoum». Ce spectacle a voulu restituer une partie du vécu de la grande Kelthoum, Aicha Adjouri de son vrai nom, décédée en 2016 à l’âge de 94 ans.
A. S.